23 Janvier 2008
A l'extérieur du Grand Bazar, dans une pente où règne un va-et-vient incessant durant les heures de la journée se trouve le Büyük Valide Han, plus grand caravansérail de la ville construit en 1651 par la Valide, autrement dit la Sultane mère de l'époque, d'où son nom.
Dommage que cet endroit soit en si mauvais état alors qu'il est encore occupé, essentiellement par des entreprises textiles, deux tisserands, des fabricants de chapeaux, des repasseurs... et par un artisan que j'apprécie tout particulièrement.
En levant le nez
Entrée du Büyük Valide Han
Pour le trouver, après avoir passé la première petite cour qui succède à l'entrée, il faut prendre le premier escalier à gauche qui, au premier abord, fait plus penser à un coupe-gorge qu'autre chose. Arrivé à l'étage, le premier effet sera de surprise, voire de peur, à la vue de ce lugubre couloir. Une vingtaine d'entreprises occupent encore l'étage.
Couloir à l'étage et escaliers donnant aux différents ateliers
Mais ne rebroussez surtout pas chemin car vous passeriez à côté d'endroits très intéressants.
Un peu plus loin, au n° 76, voici l'entrée d'Özcan Turistik. La vitrine située à côté de la porte d'accès au magasin donne une idée de ce qu'on y trouve : des lampes, des narghilés, des services à thé, à café turc, des poivriers, etc...
Un petit échantillonnage en vitrine
C'est une petite entreprise familiale originaire de Kastamonu en Mer Noire, composée de Salim, le père, et Serkan, un des fils. C'est essentiellement ce dernier qui tient la boutique, le papa ne venant plus qu'un jour ou deux par semaine, selon les besoins. En cas de besoin, l'un ou l'autre des frères vient à la rescousse.
Le père commence en 1970 en tant qu'apprenti. Il crée son atelier en 1980 en tant que fabricant de cuillères à thé mais il travaille alors dans un autre quartier non loin de là.
Service à thé complet
En 1993, il installe sa petite entreprise au Büyük Valide Han au n° 66, à quelques portes de là. En 1994, il arrive difficilement à acheter son local actuel, le marché du travail de l'époque était florissant et les endroits qui se libéraient rares.
En acquittant les dettes de fourniture d'électricité de l'ancien propriétaire et en ajoutant une petite somme d'argent supplémentaire, il finit par acquérir son petit chez-soi d'environ 100 m2 sur deux niveaux, le magasin et l'atelier.
Pourquoi avoir choisi le Büyük Valide Han ? Tout simplement car son activité est parfois bruyante, donc source de nuisance pour les riverains. Ici, le bruit ne gêne personne entre les machines à tisser et les autres.
Ce qu'on découvre en ouvrant la porte
Le han tourne alors à plein régime, rien que dans son entreprise dans les années 80 à 98, travaillaient en permanence 10 à 15 personnes.
Le premier produit fabriqué et vendu est donc la fameuse cuillère à thé, indispensable à toutes les familles turques. Se sont rajoutées ensuite les pinces à sucre, l'accessoire pour mettre les petites serviettes. Petit à petit, des figurines décoratives d'animaux ainsi que des petits accessoires utilitaires ou de cadeaux sont réalisés. Depuis l'an 2000, les supports de lampes sont venus compléter la gamme.
Vous avez l'embarras du choix entre toutes les lampes proposées... et le reste
Durant la période de pleine activité, l'artisan envoyait une partie de sa production qui, en Allemagne, qui en France, même aux Etats-Unis,... Mais depuis 2 ans, c'est terminé. La production chinoise a aussi fait ses ravages dans ce milieu-là.
Préférez-vous le service à thé ?
Ou plutôt celui destiné au café turc ?
La matière première utilisée ici est le laiton qui est ensuite nickelé pour lui donner sa finition argentée ou reste en l'état pour tous les objets finition or. Il faut souder, tourner, meuler, des gestes répétés des milliers de fois.
Les artisans au travail
L'avenir, Serkan le voit sombre et est attristé par l'évoluation de la situation économique. Bien qu'il aime énormément son travail, il n'est pas certain du tout qu'il arrivera jusqu'à la retraite avec cette activité. Mais il garde espoir tout de même.
Un projet de restauration du han serait à l'étude au niveau de la mairie pour transformer ce lieu en "bazar touristique". Si celui-ci devait être mené à bout, il garderait l'emplacement du magasin mais déménagerait son atelier.
Ayant été proche du milieu artisanal durant de nombreuses années, je souhaite contribuer, dans la mesure de mes moyens, à faire perdurer les activités de ces hommes et à les aider en parlant d'eux, en les faisant connaître dès que j'en ai l'occasion.
Pour plus d'informations sur le choix de leur production, allez sur leur site internet www.ozcanturistik.com. Il n'est qu'en turc, mais je peux vous aider pour la traduction si besoin.