22 Mai 2008
Cela faisait un moment que cette idée me trottait dans la tête, monter tout en haut d’un phare ! Que peut-on découvrir de là-haut, quelles images, quelle perspective, quelles sensations cela peut-il procurer ?
Mais pour grimper dans un phare, il faut tout d’abord en avoir le droit. De ce fait, je me suis rendue à la Direction Générale de la sécurité maritime d’Istanbul pour avoir l’autorisation écrite nécessaire.
A la base, c’est un autre phare que je souhaite visiter ; mais le responsable rencontré m’a demandé si je connaissais Şile et sachant que je m’y rendrai le week-end suivant, autant en profiter et demander par la même occasion le sésame indispensable pour se faire. On me demande au passage de leur fournir un cd des photos que je vais prendre pour leur service d’archives.
En arrivant sur place, un panneau indique la direction de ce monument car c’en est véritablement un. Il domine du haut de ses seulement 19 petits mètres une jolie baie couleur turquoise à l’eau transparente. C’est une construction de pierre datant de 1859, presque 150 ans d’existence !
On le voit de suite avec ses rayures bleues et blanches ! Un petit chemin part de la route principale et y mène.
Un ravissant jardin où les roses à peine écloses font bon ménage avec différentes lampes de phare venant de toute la Turquie. La mise en bouche est déjà bien agréable.
Jardin du phare de Şile
Je trouble la quiétude de Güngör bey, le gardien de permanence ce jour qui s’occupe justement du jardin. Il analyse ma fameuse autorisation, la regarde en tous sens avant de me montrer l’escalier à emprunter.
Güngör bey, gardien du phare de Şile
En temps normal, monter un tel endroit, étroit, en colimaçon et sans rambarde de sécurité me fait frémir d’angoisse, mais là je suis bien trop excitée pour avoir peur.
Je commence à grimper, collée contre la paroi du phare, premier étage ! Un petit placard perdu dans le phare semble m’ouvrir ses portes. Je continue sur ma lancée et j’arrive enfin dans le Saint des saints, moment d’émotion, grand frisson !
Une porte mène vers la minuscule terrasse extérieure, la vue est magnifique et dégagée, la mer d’un côté, la ville de l’autre. Mais ce n’est pas ça qui m’excite le plus.
Vue sur la ville de Şile du haut de son phare
Je veux admirer la lampe, celle qui symbolise avec sa puissance, la tour qui sert de guide aux bateaux !
Je la vois, perchée sur un support … en forme de phare, le tout a fière allure. Dire que cette lampe est visible jusqu’à 40 miles, soit 74 kilomètres à la ronde !
Tout autour des miroirs, cachés par un drap de couleur blanche… Je le découvre délicatement par endroits et là, la magie est à son comble !
Je vois le monde à l’envers, le ciel a basculé la tête la première pour laisser à sa place les toits et les maisons de la ville, les effets de lumière sont saisissants. J’écarquille les yeux comme un enfant qui voit la première fois un magicien opérer !
C’est difficile de décrire ce que j’ai pu ressentir durant ces moments tellement c’était intense, hors du commun, véritablement irréel !
Du haut du phare de Şile
Le fait de se déplacer juste d’un ou deux centimètres change la donne, c’est un spectacle permanent, un feu d’artifice !
L’appareil photo crépite dans tous les sens, je monte tout à côté de la lampe, j’y suis …et je n’ai plus envie de redescendre sur la planète terre, il fait trop beau là-haut !
Mon regard erre partout, accroche les moindres coins et recoins, savoure l’instant présent, observe et s’émerveille.
Mais il faut bien redescendre après avoir encore immortalisé le panneau où sont accrochées les clés en cas de réparation à faire, les différentes pièces techniques….
Je descends doucement pour garder imprégnée le plus longtemps possible cette atmosphère qui ne ressemble à aucune autre, profiter de l’instant présent.
Avant de partir, un tour s’impose dans le petit musée très intéressant et accessible au public qui rassemble d’autres lampes, des outils, des instruments, des photos, etc de tout ce qui a trait aux phares en général.
Pour me remettre de mes émotions, direction le jardin et le restaurant-café situé en contrebas du phare et qui surplombe la mer, un endroit délicieux pour prendre le temps et « digérer » ce moment de bonheur passé.