10 Juillet 2008
La vie nocturne istanbuliote est trépidante, même en semaine, ça bouge ! Rien ne peut l'arrêter, elle continue sur sa lancée, infatigable...
Les ouvriers municipaux nettoient Istiklal Caddesi, une des avenues les plus animées de la ville, pourtant il est .... 21 h 36 ! Eux non plus ne s'arrêtent pas, chapeau messieurs !
Pendant ce temps, dans les meyhane, ces bars et restaurants typiques où l'on sert de l'alcool avec les traditionnels meze et repas typiques de viande ou de poissons, les tables sont bien remplies.
On est mercredi soir et pourtant il y a partout des orchestres composés pour la plupart de flûtes et tambours traditionnels, de violons,...
En échange d'un billet qu'on glisse sous les cordes de l'instrument, vous avez droit au son et à l'image à portée de vous et vos tympans sont souvent d'ailleurs mis à rude épreuve.
Difficile de dialoguer dans ce genre d'endroits mais ce n'est pas forcément le but. On vient passer du bon temps, se retrouver entre amis, boire, manger, se déhancer aussi parfois, debout ou assis. Le spectacle y est permanent !
Quand vous ne supportez plus les décibels et que la fatigue commence à se faire sentir, vous reprenez doucement le chemin des écoliers.
Au passage, vous en profitez tout de même pour écouter encore d'autres groupes dans les tavernes qui inondent votre route de part et d'autre.
Là encore, dans cette fameuse avenue, à chaque pas, vous êtes happés par tous ceux qui font l'animation de celle-ci.
Une voix, celle d'un homme assis devant le rideau de fer d'une boutique qui a fermé plus tôt que ses voisines. Autour de lui assis sur le rebord de la devanture, des personnes écoutent religieusement ses complaintes mélancoliques et les sons qui s'échappent de son instrument.
Quelques mètres plus loin, un homme solitaire accroché aux cordes de sa guitare chante son amour perdu... ou rêvé ....
Une voix féminine au timbre particulier perce tout à coup la quiétude des mètres de rue suivants ! "Son üç tane, son üç tane !" (les 3 derniers, les trois derniers !) Il est 23 h 10 et cette femme tente de vendre ses trois derniers... billets de loterie...
Pour rentrer à la maison, je passe dans ce que nous sommes plusieurs à appeler "la rue de la cacophonie" ! Des bars à gauche et à droite d'où les portes ouvertes laissent échapper la musique et les chansons des groupes ou les solistes qui viennent s'y exhiber.
La publicité est gratuite et l'on peut s'imaginer de l'extérieur ... l'ampleur du bruit à l'intérieur. Cela donne un mélange tonitruant à cette rue qui pourtant à l'autre bout semble bien calme avec ses petites terrasses et ses marchands de moules farcies qui sont alignés en rangs d'oignon...
La quiétude de mon quartier permet de se remettre et de récupérer de la fatigue engendrée par cette effervescence permanente, ce tumulte enivrant. Mais que serait Beyoğlu sans elle, il lui manquerait son âme... tout simplement.