18 Août 2008
En allant de Kars à Ani, outre les troupeaux et les paysans qui récoltent les foins en cette saison, quelques rares villages sont indiqués çà et là sans être visibles de la route principale tant ils en sont éloignés pour la plupart.
Il faut parfois quitter l'asphalte, prendre la piste qui mène à certains hameaux perdus au milieu de nulle part pour découvrir des trésors cachés, vestiges du passé, comme ceux visités l'an passé à la même époque lors de ma première visite dans cette région de la Turquie.
Habitation traditionnelle dans le village d'Öğuzlu
... ainsi que les commodités !
A Öğuzlu, par exemple, entre les dindons et les poules qui habitent le quartier, les restes d'une ancienne superbe église du Xème siècle dominent les alentours.
Sa construction serait imputable à Hassan Gnt'u, ancien préfet du roi Smbat, prince d'Arménie puis roi des Bagratides. En 1001, l'église aurait déjà fait l'objet d'une restauration. Un tremblement de terre en 1936 est à l'origine de la désolation des lieux.
Photo ancienne trouvée sur le net
Un dernier coup d'oeil sur les volatiles qui peuplent le site avant de continuer la route.
Quelques kilomètres plus loin, après avoir rencontré au passage des gardiennes d'oies, le village de Yağkesen et là, un choc !
Comme un mirage qui apparaît au fur et à mesure qu'on avance, entre quelques demeures et des meules de foin, la silhouette d'une petite église merveilleusement préservée près d'une rivière, Kızıl Kilise, en arménien "Karmir Vank".
Elle semble presque sortir d'un livre d'histoire, avec sa tour conique, ses couleurs vives, ses niches en façade et ses fenêtres élégantes.
Le style de la construction ressemble à celui utilisé au Xème siècle mais les ornements des façades plus tardifs. Compte-tenu du peu de précisions quant à la date exacte de cet édifice, sa période se situe entre le XIème et le début du XIIIème siècle. La seule certitude est étayée par une inscription à l'intérieur de l'église datée de 1218.
Quelques sculptures admirables et une inscription en arménien au-dessus de la porte rappellent ses nobles origines.
Au XIXème siècle, elle portait le nom officiel de Surp Astvatsatzin (église de la Vierge Marie) et représente un exemple typique en matière d'architecture des églises arméniennes.
Sa fonction initiale est très différente aujourd'hui ; en effet, l'église abrite le grenier à blé et à foin du village et une auge située sur la façade arrière accueille les chevaux en quête de casse-croûte, ce qui donne une image surréaliste des lieux.
J'aurais bien aimé encore voir un monastère et une forteresse dans les alentours, mais en tentant de prendre un raccourci à travers les pistes au milieu de la steppe, nous nous sommes retrouvés... en zone militaire. Cela fait bizarre quand on voit se rapprocher un petit bâtiment qui abrite... deux militaires armés jusqu'aux dents. Surtout quand l'un d'entre eux en sort et vous ordonne de loin... de s'arrêter.
Rien de bien méchant si ce n'est au final une discussion très joviale avec le jeune chargé de s'enquérir de notre présence dans un endroit aussi peu fréquenté. Après nous avoir indiqué la route à suivre (si on peut appeler cela une route), nous avons pris la bonne direction, surveillés par les défenseurs des lieux.