20 Août 2008
Et si nous allions poursuivre notre promenade dans ces lieux magiques où le temps semble s'être arrêté...
Après avoir dépassé l'église du rédempteur dont se dresse seulement encore une bonne moitié et que vous avez eu loisir d'admirer, on approche des gorges de l'Arpa Çayı. Rien ne laisse présager de la merveille qui se situe en contrebas de la route avant d'en être tout près.
Un modeste panneau donne la direction de Tigran Honentz, l'église Saint-Grégoire-de-Honentz qu'on appelle en turc Resimli Kilise (l'église aux images), et à juste titre. Il faut descendre un certain nombre de marches pour aller à sa rencontre, comme on va voir sa belle, c'est presque un rendez-vous en amoureux.
C'est sans hésiter pour moi mon "coup de coeur" d'Ani et j'aurai du mal ensuite à continuer mon chemin tellement cet endroit me "parle".
Lors de ma première visite l'an passé déjà, c'est là où nous sommes restés le plus longtemps ; il s'en dégage une quiétude très agréable.
De plus, l'intérieur est tellement riche, bien que les peintures soient partiellement écaillées de çi, de là, qu'il y a fort à faire pour observer toutes les scènes qui y sont représentées.
C'est un livre d'histoire réuni en un seul lieu.Certaines représentations sont religieuses, comme ci-dessus semble-t-il la mise au tombeau.
Et là, je dois dire que des explications sur toutes ces tranches de vie auraient été la bienvenue.
Tigran Honentz, servant de Dieu, a fait construire cette église au début du XIIIème siècle en hommage au premier patriarche arménien Grégoire 1er ; pouvait-il un instant s'imaginer à quel point les 16 à 17 000 visiteurs par an qui ont le privilège - car c'en est un - de voir cette cité-fantôme inhabitée depuis plus de 300 ans, tomberaient en extase devant elle ?
Les scènes de guerres et de massacres, nombreux déjà à l'époque de son édification, sont également mises en image.
L'extérieur, quant à lui, est une ébauche de dentelle où se mêlent avec bonheur l'élégance de frises et de bas-reliefs ainsi que de quelques peintures.
Il fallait être artiste et contortionniste pour arriver à mettre en des endroits aussi peu inaccessibles des souvenirs pour l'éternité.
La façade latérale du côté de la rivière comporte une série de textes en arménien et des arcades dansent de bout en bout.
Entre chacune d'entre elles, une représentation d'animaux et d'oiseaux savamment stylisée.
Tant l'édifice que le site au complet mériteraient, à mes yeux, de figurer au patrimoine mondial de l'Unesco afin de pouvoir bénéficier des protections nécessaires à sa préservation.
Que ce soit la façade arrière, ci-dessous, que toutes les coutures de cette demeure divine, elle reste pour moi le moment fort de la visite d'Ani. Si je devais y retourner une fois de plus, c'est avec des feuilles et un crayon que je m'installerais cette fois-ci.
La visite de ce seul bâtiment aura peut-être semblé longue pour certains d'entre vous, mais j'estime qu'il mériterait bien un billet à lui tout seul.