Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
21 Août 2008
Même si je peux passer des heures à Ani et ... autant pour vous en parler, je vais presser un peu le pas car j'ai encore tant à vous raconter encore de mon séjour dans la région et afin de ne pas lasser certains d'entre vous.
Au temps glorieux où Ani était capitale du royaume d'Arménie, sa population se montait à plus de 100 000 habitants et on l'appelait "la ville des 1001 églises".
Construire entre 987 en 1010, la cathédrale - Surp Asdvadzadrin en arménien ou Azize Meryem Katedralı en turc - a vu passer le roi Smbat II puis Gagik 1er au règne glorieux durant la période de son édification.
C'est la construction la plus large et la plus importante du site. Son architecte, Trdat Mendet, était le plus célèbre de l'Arrménie médiévale.
Comme nombre d'autres édifices chrétiens, elle s'est vue transformer en mosquée de la Victoire (Fethiye Camii) lors de l'occupation des lieux en 1024 avant de revenir aux chrétiens en 1124. Et elle continuera ainsi à passer de mains en mains au gré des conquérants.
Des niches faisant office de fenêtres ornent ses façades pour faire entrer des jets de lumières. Sa hauteur sous plafond est impressionnante et les colonnes y sont nombreuses et imposantes.
Sa décoration intérieure est plus sobre que l'église d'hier par exemple, sans doute y avait-il très peu de fresques. Elle dégage une tendance presque austère et rigide et c'est uniquement les rayons du soleil qui jouent à cache-cache à travers les ouvertures qui lui apportent un tant soit peu de gaieté.
Elle aussi a besoin depuis quelques mois de béquilles pour appuyer sa pesanteur.
Quelques dizaines de mètres plus loin, une curieux bâtisse attire l'attention avec sa forme rectangulaire et son minaret octogonal, il s'agit de la Menücer Camii, qui serait la première mosquée érigée par les turcs seldjoukides d'Arménie en 1072.
Elle se dresse sur les hauteurs du ravin et aurait été construite sur demande de l'émir Minuchihr. Certains, des Arméniens surtout, prétendent que le bâtiment aurait été bâti avant la conquête turque et était à l'origine un palace de l'époque bagratide, transformé ensuite en mosquée.
En fait, son orientation n'est pas habituelle pour une mosquée et est décalée de 20° par rapport à la normale...
C'est un curieux mélange de couleurs et de formes géométriques diverses. Les plafonds sont ornés de pierres polychromes.
Heureusement, un panneau précise est interdit d'utiliser l'escalier d'accès intérieur au minaret. Il est aisé de comprendre à quel point cela ressemblerait à de l'acrobatie tant il est escarpé.
Un dernier regard sur le superbe paysage désertique alentour et il est déjà temps de repartir.
Hormis l'église de Saint-Grégoire de la famille Abughamrentz au toit conique typique et qui, elle aussi, s'appuie sur du métal pour assurer son maintien, le reste du site présente moins d'intérêt. Ce sont essentiellement des ruines d'autres édifices religieux ainsi que d'un temple.
L'église Saint-Grégoire
Il est temps de repartir vers Kars pour retrouver mon meilleur ami turc et rejoindre ensemble sa famille et son village natal en altitude à deux heures de route.