8 Septembre 2008
On fêtait hier 7 septembre dans toute l'Europe la culture juive et Istanbul n'était pas en reste. A cette occasion, et comme l'an passé déjà, c'est la possibilité de découvrir quelques synagogues de la ville alors qu'en temps normal, il faut une autorisation du Grand Rabbinat pour y rentrer et pour les photographier.
Un reportage sur la manifestation culturelle paraîtra dans la prochaine édition du journal "Aujourd'hui la Turquie" mais aujourd'hui je vous propose de visiter ensemble ces belles synagogues.
Dans le seul quartier de Galata, dans un périmètre d'à peine 500 m2, trois synagogues ont pignon sur rue et une quatrième située près du pont de Galata est devenue le musée juif d'Istanbul. Une cinquième abrite à présent le Grand Rabbinat.
La synagogue Aşkenaz, ou synagogue russe, est l'une d'entre elles. Erigée en 1900 à la place d'une synagogue en bois qui datait de 1866, elle tire son nom de la communauté askhénaze juive venue de Russie. Elle a fêté avec faste son centenaire le samedi 2 décembre 2000.
Blottie entre deux immeubles dans la pente qui relie Karaköy à Galata, sa façade rose aux formes arrondies se distingue à peine si l'on n'y prête attention en passant devant. Seules la porte blindée donnant sur la rue et la caméra peuvent interpeller le regard.
L'intérieur sur 3 niveaux et au demeurant très sobre permet d'accueillir un public nombreux.
Sur 20 000 personnes que compte actuellement la population juive actuelle à Istanbul, moins d'un millier fait partie de la communauté askhénaze.
C'est la seule des 3 synagogues réalisées par les Askhénazis encore visible aujourd'hui à Istanbul. La coupole parsemée d'étoiles fait penser à la voûte céleste.
Le sanctuaire en bois où est placé la Torah, texte sacré du judaïsme, est un véritable chef d'oeuvre. La Torah se présente sous forme de parchemin fixé à deux poignées de bois déroulées au fur et à mesure de l'avancement de la lecture.
Le candélabre à 7 branches que l'on trouve dans tous les établissements de culte juif symbolise la lumière éternelle.
Cette synagogue est utilisée principalement pour les mariages et autres cérémonies religieuses selon la tradition askhenazi.
Un peu plus haut, presque au pied de la tour de Galata, la petite synagogue italienne, connue également sous le nom de Kal de los Frankos, est le lieu de culte de la communauté juive marrane.
La file d'attente s'allonge en fin de journée pour assister au dernier concert
Le bâtiment d'origine a été érigé au XIXème siècle par un juif italien du nom de Cemaati. La synagogue actuelle à la façade gothique, date de 1931 ; elle a remplacé la première détruite par un incendie.
L'Arche de l'alliance, qui renferme les rouleaux de la Torah, et la bima (plateforme sur laquelle le dirigeant de l'office se tient lorsqu'il lit la Torah) forment un ensemble à l'esthétique très pure.
L'intérieur est très lumineux grâce aux nombreux vitraux. Deux niveaux seulement, contrairement à la précédente dont je vous ai parlé.
Les représentations symboliques propres au judaïsme sont présentes comme partout.
Quelque chose a changé depuis l'an passé à la même époque... Il suffit de rechercher dans mes archives pour trouver...
La rue plus haut abrite la synagogue Neve Şalom. L'accroissement de la population juive du quartier à la fin des années 30 a rendu nécessaire la construction d'un nouvel établissement. Inaugurée le 25 mars 1951, c'est la plus grande synagogue séfarade d'Istanbul.
Le somptueux vitrail de Neve Şalom
L'architecture extérieure n'a aucun intérêt puisque la façade sur la rue ne laisse voir qu'un rectangle quelconque où apparaît l'étoile de David. C'est en fait une ancienne salle de gymnastique de l'école voisine.
Elle est ouverte essentiellement pour les prières du sabbat, les mariages, les circoncisions et les funérailles.
Cette synagogue est tristement célèbre suite aux deux attentats, l'un perpétré samedi 6 septembre 1986 à 9 h 17 durant le Sabbat qui a provoqué la mort de 22 personnes et l'autre commis le 15 novembre 2003, encore un samedi, où 23 personnes ont eu rendez-vous avec la mort ce jour-là.
Deux jours après l'attentat, les buldozers sont à l'oeuvre
Une plaque commémorative dans l'enceinte de la synagogue rappelle ces deux dates terribles et reprend la liste des noms des victimes.
Ce dimanche, elle est ornée de bouquets composés de lys et de roses blanches. Le public assiste à la célébration d'un mariage juif fictif qui lui permet de connaître ainsi des traditions et rites différents.
Découvrir, c'est comprendre et comprendre, c'est accepter l'autre avec ses différences, faire preuve de respect et de tolérance.
Une telle journée comme celle-ci réunit ainsi hommes et femmes de confessions différentes dans un esprit de paix et de fraternité ; je trouve cette démarche plus que judicieuse et sensée.