8 Septembre 2008
Pour 3 millions de jeunes istanbouliotes et pour des millions d'autres élèves dans tout le pays, les vacances sont terminées depuis ce matin !
Ces dernières semaines, les devantures des magasins ont pris un avant-goût de rentrée. Les uniformes scolaires, obligatoires en Turquie, ont remplacé les robes et pantalons d'été.
Les dernières emplettes effectuées, le cartable préparé, il ne reste plus qu'à attendre l'heure fatidique où il va falloir, soit mettre les pieds pour la première fois à l'école, soit y retourner avec plus ou moins d'entrain.
Istanbul aura vécu aujourd'hui un de ces jours "noirs" en matière de trafic comme tous les ans à pareille époque. En effet, à partir d'aujourd'hui, près de 12000 "servis", navettes de ramassage scolaire seront à nouveau sur le pied de guerre pour transporter une bonne partie des élèves aux quatre coins de la ville.
un "servis" de transport scolaire parmi tant d'autres
A cette occasion, durant les trois premières jours de la semaine, de 6 h à 10 h et de 16 h à 20 h, tous les transports en commun sont gratuits et leur quantité considérablement augmentée (800 autobus de plus par exemple, un 4ème ferry prend ses fonctions entre Sirkeci et Harem). Ces mesures sont prises afin d'inciter les propriétaires à ne pas utiliser leur véhicule particulier pour ne pas aggraver la situation.
Pour ceux qui utilisent tout de même leur voiture, 1/2 de stationnement gratuit aux heures d'entrée et de sortie d'école est offerte. En outre, aujourd'hui les taxis appliquent une réduction de 50 % sur les courses.
37 millions de YTL, soit un peu plus de 21 millions d'Euros, sont attribués par la Ville du Grand Istanbul à 50 000 élèves brillants ou dans le besoin selon le cas et fréquentant l'enseignement supérieur.
8 h 08, pressée et visiblement heureuse de retourner à l'école
J'ai choisi d'aller me poster dès 8 h ce matin devant l'entrée de l'école publique Namik Kemal près de chez moi, une des 5000 écoles de la ville, et qui s'affiche comme une école primaire. Elle porte le nom d'un célèbre écrivain turc, poète et auteur de pièces de théâtre, originaire de Tekirdağ en Thrace et qui a vécu au XIXème siècle.
Cet établissement scolaire qui accueille environ 700 élèves, comprend en fait 9 niveaux d'enseignement, de la maternelle à la 8ème, soit l'équivalent du cycle primaire et du collège en France.
L'accueil des élèves est prévu de 8 h 30 à 9 h, heure à laquelle les cours débutent. Mais certains petits, avides de retrouver copains et copines, arrivent déjà au compte-goutte avant l'heure.
Petit à petit, des pères et mères de familles arrivent, accompagnés de leur progéniture. Les sacs Barbie ont toujours la cote chez les filles au même titre que les gourdes Spiderman chez les garçons.
Qui est l'élève, qui est la maman ???
Chaque élève de l'école Namik Kemal porte autour du coup un petit écusson accroché à une bandelette où figure le nom de son établissement.
Avant que je n'arrive plus à me faufiler entre les véhicules engorgés dans l'impasse, je continue ma route en jetant un dernier coup d'oeil sur la file de voitures qui ne cesse de s'allonger aux abords de l'école, tentant par toutes sortes de manoeuvres pour se dépêtrer de là.
On n'avance plus !
Direction la place de Taksim où a lieu, comme chaque jour de rentrée scolaire, un "tören", cérémonie qui commémore l'attachement que portait Atatürk à l'enseignement pour ses compatriotes.
Des délégations venues des écoles de l'arrondissement de Beyoğlu sont là, portant fièrement drapeau turc ou banière au nom de leur établissement. Une institutrice est chargée d'expliquer le déroulement de la manifestation ; les officiels sont tous là, le sous-préfet, les représentants des administrations scolaires.
Les porte-drapeaux ont fort à faire avec le vent
Un cours discours de rigueur, une signature dans un épais livre recouvert de velours noir ... et dont je n'ai pas eu le temps de comprendre la signification.
L'hymne national retentit, interprété par la fanfare. Comme à chaque fois que je l'entends, j'ai un moment d'émotion intense qui m'envahit tant je le trouve beau.
Durant l'hymne national, tout le monde est au garde-à-vous
Deux enfants de l'école de mon quartier de Cihangir répètent les paroles d'Atatürk, reprises à l'unisson par tous les élèves présents :
"Türküm, doğruyum, çalışkanım; yasam, küçüklerimi korumak, büyüklerimi saymak, yurdumu, milletimi özümden çok sevmektir. Ülküm yükselmek, ileri gitmektir. Varlığım Türk varlığına armağan olsun"
Traduction : "je suis turc, (droit) juste, travailleur ; ma loi est de protéger les petits, de respecter les ainés, aimer mon pays plus que moi-même, faire grandir ma patrie, aller de l'avant, que mon existence soit donnée comme un présent à l'existence turque".
L'hymne national turc, ainsi que ces phrases qui peuvent choquer ceux qui connaissent peu ou prou la culture et le patriotisme du pays et l'attachement à leur père spirituel, sont repris dans toutes les cours d'école les lundi matins et vendredi soirs.
Un groupe foklorique de jeunes garçons et filles venus de Thrace ont clôturé les festivités, accompagnés au tambour et à la clarinette.
Les délégations se dispersent et en retournant dans mon quartier, je suis happée par une nuée de jeunes élèves de bonne humeur qui vont enfin regagner les bancs de leur école.