Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
18 Septembre 2008
Même si une carte a été publiée au début de mon périple pour situer la région de Kars et d'Ardahan, du temps a passé depuis et de nouveaux lecteurs sont arrivés entre temps.
Le village d'Aşağı Aydere Köyü ainsi que les alpages sont situés un peu au nord-est d'Ardahan, près de la frontière géorgienne et sont localisés plus ou moins précisément sur la carte...
Lorsqu'on est dans les alpages, on voit régulièrement plusieurs tentes visibles souvent de bien loin de par leur taille, ce sont celles des "çoban", les bergers.
Ils viennent là en famille en mai et restent jusqu'à mi-septembre en général. Ils sont soit kurdes, soit türkmen.
Tous les ans, en avril, les maires des villages descendent à Hanak, la ville la plus proche et rencontrent des bergers qui proposent leur candidature pour garder les troupeaux durant la belle saison.
Les personnes susceptibles de faire l'appel iront ensuite avec les maires dans les villages mêmes finaliser leurs affaires avec les propriétaires concernés.
Lorsque je suis allée aux alpages d'Aşağı Aydere Köyü, j'ai immédiatement localisé les tentes des bergers et ai émis le souhait d'aller à leur rencontre afin de passer un petit moment avec eux.
Seule mise en garde qui m'a été faite, les chiens, les fameux "kangal" qui peuvent être très féroces et dont il faut se méfier.... mais à l'heure de la sieste, il n'y a pas trop de soucis à se faire !
Comme partout, l'accueil est chaleureux. Mehmet, le berger avec qui je parle en premier, est kurde et vient d'Iğdir, près de la ville d'Ağri située à proximité du mont Ararat.
Ils sont en tout une quinzaine de personnes à s'occuper des bêtes du village.
Sa ravissante épouse me propose de venir avec elle car une autre femme est en train de préparer du pain derrière les tentes. Là, je retrouve cette technique de four à ciel ouvert que j'ai déjà vue par ailleurs et que je trouve particulièrement intéressante.
Un trou aménagé dans le sol, on y fait du feu et lorsque les braises sont suffisantes, on plaque les fines galettes de pain contre la paroi en faisant attention de ne pas se brûler bien entendu.
Quelques minutes suffisent pour que les pains croustillants et savoureux soient cuits. On m'en offre un que je manipule avec précaution tant il est brûlant et Mehmet demande immédiatement qu'on y rajoute un fromage de leur propre fabrication.
Accompagnée par les enfants et par l'épouse de Mehmet, nous allons faire un tour sous la tente principale. Comme dans les maisons, le poêle est présent là aussi, posé à l'entrée.
Une fois de plus, j'aurais passé un moment agréable mais bien trop court à mon goût avec ces personnes qui ont une vie particulière mais combien utile à la population locale. La femme de Mehmet aurait aimé tuer un agneau en mon honneur si elle en avait eu un à portée de main, j'en suis touchée.
Une des mignonnes petites au sourire éclatant nous accompagne quelques pas, intimidée et curieuse à la fois.
Ces quelques jours de bonheur simple mais intense s'achèveront le lendemain, toutes les bonnes choses ont une fin.
Là encore, comme au village, en compagnie de Tamile, de Ferman, d'Ismail, de Ballı teyze et de Hanım nine entre autres, comme aux alpages des türkmènes avec mes petites amies Yağmur et Birgül que vous connaissez maintenant également, je ne manquerai pas de revenir.
Merci pour tous ces moments passés avec cette grande famille d'adoption qui m'a tendu les bras avec tant de chaleur et d'amitié comme on sait si bien le faire en Turquie.