6 Octobre 2008
Article publié dans le journal "Aujourd'hui la Turquie" d'octobre 2008
Cette journée a été lancée en 1996 dans le Bas-Rhin sous la formule « journée portes ouvertes » par l’association juive B’nai B’rith Hirschler de Strasbourg, en partenariat avec l’Agence de Développement Touristique du Bas-Rhin.
De nombreux sites juifs tels que synagogues, cimetières, musées, etc, ont ainsi été ouverts au public chaque été (200 sites répertoriés rien qu’en Alsace). Des animations, des visites guidées, des conférences et des concerts, y ont été organisés.
Choeur Ilahileri sous la direction de Cako Taragano - synagogue italienne
Le projet devient international en 2000 avec la création de la « Journée Européenne de la Culture Juive » dont les objectifs sont :
- De rassembler et de sensibiliser les Européens au patrimoine historique et culturel commun, dans un esprit de tolérance et de dialogue
- De faciliter l’accès à la culture
- De souligner la nécessité de préserver ce patrimoine de la destruction et de l’oubli
- De développer un tourisme européen autour de la culture.
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Linet Şaul, chanteuse d'opéra, accompagnée par Albert, Alper et Tracy D. Aziz - chants populaires judéo-espagnols - Synagogue Aşkenaz
Cette journée est aussi le résultat de l’apparition de nouvelles dynamiques de coopération entre 30 pays et régions qui veulent participer au même moment à un projet commun.
A Istanbul, ce dimanche 7 septembre 2008, la foule est au rendez-vous dans le quartier de Galata, un des coins de la ville où la population juive a été la plus concentrée.
Les juifs de la ville se retrouvent pour une journée de fête où la musique et le chant sont rois, des musulmans, des touristes, viennent quant à eux découvrir et enrichir leurs connaissances d’une culture finalement méconnue.
Groupe Klez-Mez composé de E. Bora Gürel, Özlem Gürel, Sumru Ağıyürüyen et Yuri Ryadchenko - synagogue Aşkenaz
Trois synagogues de la ville sont exceptionnellement ouvertes au public : la synagogue italienne, la synagogue Aşkenaz (de la communauté Askhenaze qui lui a donné le nom) et la synagogue Newe Şalom, la plus récente et sans doute la plus tristement connue suite aux deux attentats commis en 2003 et en 2006 et qui ont fait à eux deux plus de 40 victimes.
Public nombreux et enchanté
Des récitals et concerts y sont donnés par d’éminents artistes juifs, l’ambiance est particulièrement joyeuse et animée.
Un récital de piano est donné par Angelika Akbar dans le musée de la banque ottomane, pour la plus grande joie de ses auditeurs.
Angelika Akbar
A Newe Şalom, un mariage fictif est organisé en fin de journée afin que le public découvre les rites et coutumes juives à cette occasion.
Célébration fictive du mariage - Synagogue Newe Şalom
Le centre culturel Schneidertempel, quant à lui, propose une exposition de dessins ainsi qu’un concert, tandis que celui de Newe Şalom, ce sont des peintures et sculptures réalisées par des artistes juifs qui sont présentées.
L’ancienne synagogue Zülfaris, reconvertie en 2001 en musée juif à l’occasion du 500ème anniversaire de l’arrivée des juifs d’Espagne dans l’empire ottoman, permet de découvrir l’histoire de cette communauté qui a pu vivre dans sa nouvelle patrie sans discrimination. Une exposition temporaire de photos concernant la vie d’Aron Angel s’y tient.
L’ancienne synagogue Zülfaris
Au centre culturel italien, un concert est suivi par une exhibition de danse par le groupe Karmiel composé de 30 danseurs de réputation internationale.
Plusieurs conférences, lectures et diaporamas sont également proposés au centre culturel Newe Şalom et à la synagogue italienne. Des visites guidées culturelles permettent de découvrir l’héritage juif.
L'ensemble Yinon Muallem - Synagogue italienne
A chaque endroit, de délicieuses pâtisseries juives sont offertes aux visiteurs.
Cette journée riche à tous points de vue s’est terminée en apothéose par un geste symbolique très fort. En effet, la communauté juive a offert un iftar (repas du jeûne) aux musulmans en cette période de Ramadan. Tout le monde s’est retrouvé dans la salle des mariages de la mairie de Beyoğlu mise à disposition à cette occasion.
Iftar offert par la communauté juive
Une prière à haute voix a été faite à l’invitation de l’imam sur place pour remercier les frères juifs de cet acte d’amitié.
Des gestes de ce genre, de part et d’autre, d’une richesse sans nom, ont clôturé en beauté ce dimanche pas comme les autres dans le quartier de Galata à Istanbul.