21 Décembre 2008
Je ne suis pas prête d'oublier cet escalier. Je l'ai emprunté à trois reprises en 24 heures, les 7 et 8 juin 2008. Ma montée au phare de Rumeli Feneri restera l'un de mes plus forts souvenirs de cette année.
5 h 35 du matin, le jour est levé
Ce village situé sur la rive européenne au bord du Bosphore et à l'embouchure de la Mer Noire est un de mes "coups de coeur" où je ne me lasse pas de retourner. J'ai eu l'occasion de le présenter à plusieurs reprises.
Munie de l'autorisation écrite des services de sécurité maritime, j'ai passé en tout 4 h 30 dans cet édifice qui a tant d'importance pour les innombrables bateaux qui empruntent cette "autoroute maritime" qu'est le Bosphore.
Après avoir franchi 65 marches, nous voilà au 4ème étage.
Vu de l'extérieur, on ne se doute pas que pour aller jusqu'à la petite lampe du phare, il faut monter 84 marches réparties sur 6 étages.
9 marches de plus jusqu'au 5ème niveau
Après un tout dernier escalier métallique de 10 marches, me voilà dans le saint des saints ! Une robe de verre entoure le précieux habillage de la lampe, également en verre.
Dévorer cette lampe du regard, scruter attentivement autour d'elle les moindres détails, voir le monde à l'envers en travers ce verre qui provoque l'effet de loupe, comment expliquer ce qu'on peut ressentir...
Bien entendu, la vue d'en haut est toujours différente. Je pourrais presque toucher le minaret de la mosquée toute proche, quant aux bateaux amarrés dans le port, ils me semblent bien loin.
Le phare de Rumeli est visible à 18 milles marin, soit plus de 33 kilomètres à la ronde... Il y a 5 ou 6 ans à peine qu'un système électronique pour le raccordement du phare a été installé. Auparavant, les gardiens devaient monter au moins deux fois par jour vérifier l'installation.
Un des battants qui permet d'accéder à la lampe
Ma seconde montée à la tombée de la nuit a été particulièrement enivrante. Je voulais être présente lors du premier déclic du soir et observer ensuite, tel le battement d'un coeur, le rythme de la lumière. Elle se déclenche par deux fois en l'espace de 12 secondes, mais à deux intervalles différentes.
Je serais bien restée en haut du phare toute la nuit si j'avais pu, tant je m'y sentais bien.
J'aurais pu compter les bateaux entrant ou sortant du détroit, mon coeur aurait palpité en cadence avec cette lampe somme toute banale, mais dont les marins ne peuvent se passer.