Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Etre turc à Mulhouse


La population turque de Mulhouse, qu'on peut estimer actuellement à environ 5000 personnes, vient essentiellement d'Anatolie Centrale, de Mer Noire, de l'Est et du Sud-Est du pays.
   
           
                      La Porte Jeune en plein centre de Mulhouse avec la Tour de l'Europe

Les premiers turcs sont arrivés là au début des années 70 pour subvenir aux besoins en personnel de Peugeot et des entreprises du bâtiment. En 1973, la communauté turque était de 700 personnes.

Pour s'intégrer, que ce soit à Mulhouse ou ailleurs, il faut accepter les autres. Faire un pas en avant en direction des autres est indispensable, à condition que celui-ci soit accepté en face. Il s'agit ensuite de découvrir cet autre univers en y vivant, en se débrouillant économiquement, en se logeant, en apprenant la langue française, en éduquant ses enfants.

Mulhouse s'est dotée, il y a déjà bien longtemps, de structures adaptées à l'accompagnement de l'importante population immigrée d'origines très diverses qui y habite. Le Centre Socio-Culturel Papin en est un exemple. Situé dans le quartier de la ville appelé "Cité" où réside la majorité de la communauté turque, il dispose d'un service de médiation interculturelle créé en 1992. L'équipe est composée de douze personnes à la tête de laquelle se trouve Semiha Sipahi que je vous ai présentée hier.

           
                          La place des Vosges à Mulhouse, dans le quartier de la Cité

Les objectifs sont de taille : "J'habite à Mulhouse, en France, je respecte les droits et obligations, je deviens citoyen, on m'inculque les valeurs républicaines mais je garde mon identité. Pour savoir où je vais, je dois d'abord savoir d'où je viens et qui je suis." comme le dit bien Semiha.

           
                   Groupe de parentalité du mardi après-midi au Centre Socio-Culturel Papin

Le service de médiation est un trait d'union, un pont entre les différents habitants du quartier, afin qu'ils apprennent à mieux se connaître, à mieux vivre ensemble sans oublier leurs origines respectives. La double culture est une richesse, un plus à transmettre aux générations futures.

           
                                                     Groupe de parentalité        
     
Au Centre Papin, tous les mardis après-midis durant 2 heures, le groupe de parentalité composé d'une petite vingtaine de femmes turques se retrouve là à la fois pour apprendre le français mais aussi pour découvrir et participer aux coutumes locales (comme la participation au marché de Saint-Nicolas qui se préparait lors de mon passage fin novembre ou la visite du marché de Noël de Strasbourg). C'est aussi l'occasion de discuter, d'échanger, de se rencontrer.

            
                       Christine, de l'équipe de médiation, participe à l'animation des groupes

Semiha pense que le grand problème des immigrés vient surtout du fait qu'ils arrivent sans projet réel et sans être préparés à ce qui les attend. On arrive souvent pour des raisons économiques, pensant trouver l'eldorado. Sans connaître sa propre culture, il est plus difficile de trouver sa place dans un pays qui n'est pas le sien et qui fonctionne différemment. 

            
                  De nombreux thèmes sont abordés durant ces réunions, y compris la santé

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J
<br /> Article intéressant et rédigé tout en finesse.<br /> <br /> Cependant, je vous l'assure, vous n'êtes et ne serez jamais les bienvenus en Alsace ni dans le reste de notre France, étrangers d'origines turques ou maghrébines, car vous ne vous assimilez pas<br /> assez et vos voiles et autres foulards sont trop visibles!<br /> <br /> En outre, vous ne nouerez jamais de liens d'amitiés durables ou de liens d'amitiés tout court avec des Alsaciens pur souche, car votre religion interdit ce que nombre d'Alsaciens apprécient tout<br /> particulièrement, comme tous les plats à base de porc, la Sürkrüt, le Baeckeoffe, la viande Kassler ainsi que les alcools, différents vins et bières.<br /> <br /> Pour toutes ces raisons, vous ne serez jamais admis comme de véritables Alsaciens ou Français en général car de moeurs, traditions, us et coutumes trop différentes pour être associées.<br /> <br /> Fremter sin necht willkommen in unser Lànd!<br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Heureusement que le peuple turc n'a pas réagi comme vous le jour où je suis venu m'installer en Turquie il y a bientôt 7 ans. Je pense qu'il serait enrichissant de vous intéresser aux gens pour<br /> les connaître un peu mieux et ne pas mettre tout le monde dans le même panier.<br /> <br /> <br /> Toutes les femmes ne sont pas voilées et il y a certains voiles qui n'ont aucun caractère religieux, mais uniquement utilisé comme accessoire décoratif. De nombreux turcs boivent de l'alcool et<br /> apprécient la choucroute... au poisson !<br /> <br /> <br /> Ech senn schtur we Panzer güater Mann ! Je vous invite aussi à venir faire un tour en Turquie un nochach kenn emer vellecht metanander reda !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
G
semiha abla sizinle conusmak istiyorum lutfen bana telephone numamranizi alabilirmitim lutfen acele
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N
<br /> <br /> Iyi akşamlar, size bir mail attım...<br /> <br /> <br /> <br />
J
C'est en lisant ton article que je me dis qu'on est quand même bien à l'école, c'est l'endroit où tu es sur d'apprendre quelque chose de nouveau tous les jours. Tu vas me dire on apprends aussi dans la vie de tous les jours. La différence à l'école c'est que c'est structuré, ce qui fait que tu vas forcément apprendre quelque chose. Je sais pas si je me fait bien comprendre... Rires !
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N
<br /> <br /> On est bien d'accord, on apprend à l'école. La seule différence c'est qu'on n'y apprend pas forcément ce qu'on aime ou ce qu'on a envie. Par contre, quand tu suis des cours étant adultes, c'est<br /> qu'il y a une motivation derrière, un désir, je trouve la différence très importante.<br /> <br /> <br /> <br />
A
L'implication de femmes turques instruites et éduquées est très importante pour l'intégration des femmes turques en France. Dans la petite ville où je vis, il y a une vingtaine de familles turques, dont les hommes et les enfants s'intègrent assez facilement par le travail et l'école. En revanche, aucune femme turque ne fréquente le Centre Social où leur sont pourtant offertes les possibilités d'apprendre le Français, de rencontrer d'autres femmes de toutes origines.C'est regrettable pour elles, car elles restent isolées et passent à côté de tout espoir d'intégration.
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N
<br /> Oui, c'est en effet dommage. Il faudrait trouver dans ton village une Semiha bis...<br /> <br /> <br />
F
Quand je pense aux personnes d'origine étrangère vivant dans de petits villages où il n'y a rien pour eux dans les environs! Seule la bonne volonté ( pas toujours très répandue en raison des méfiances) permet de les aider à exister et être. <br /> A lire à l'occasion ( et encore là, j'y parle d'un homme né en France de parents turcs): <br /> http://www.feedesagrumes.com/article-25515212.html<br /> Bonnes fêtes
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N
<br /> Je viens de relire attentivement ton article que j'avais survolé récemment. Comme je le dis souvent, ce n'est pas la religion de chaque prime, c'est ce qu'il a dans la tête et dans le coeur... qui<br /> font sa richesse. Bonnes fêtes à toi aussi.<br /> <br /> <br />
P
Merci pour tes éclaircissements, au vu ce que tu m'as expliqué, je trouve ça pas mal finalement;-)!<br /> <br /> Ici en Belgique, dans la région flamande, ils ont mis en place des espèces de cours d'intégration pour les étrangers, et en lisant dans un journal l'article expliquant de quoi il s'agissait ça m'avait totalement laissée sceptique, cet article m'avait laissé l'impression que le but était d'éduquer les étrangers aux moeurs flamandes et d'en faire des "bons flamands"... D'ailleurs les autorités flamandes ne le niaient pas...<br /> Ce que je veux dire c'est que je suis pour l'intégration évidemment, mais pas pour l'assimilation. Mais ça c'est un long débat;-)
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N
<br /> L'intégration oui évidemment, mais en n'oubliant pas ses origines...<br /> <br /> <br />
N
Je trouve que c'est bien car cela leur permet en plus du fait d'apprendre le français d'échanger sur d'autres sujets qu'elles n'aborderaient à l'extérieur du groupe et qui jouent sûrement sur leur désir de mieux vivre leur "intégration", il est certain que les enfants jouent également un rôle important dans ce sens. Il ne s'agit pas de mauvais parents mais de personnes qui doivent s'adapter à une vie (société) différente de celle qu'ils connaissent, pas évident ! ça doit les rassurer de savoir qu'il y a un lieu où on essaiera de répondre à leurs interrogations.
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N
<br /> Oui, elles avaient semble-t-il plaisir à se retrouver là.<br /> <br /> <br />
P
Nathalie, je t'avoue que je reste très sceptique à l'égard de l'organisation de tels groupes, ça me donne l'impression que l'étranger est vu comme un être "primitif" à qui il faut apprendre à avoir un comportement, une mentalité européenne standard... <br /> Tu parles par exemple du groupe de parentalité, mais en quoi est-ce nécessaire? Les étrangers sont d'aussi bons parents que les français ou les belges...<br /> Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire parce que j'ai un peu de mal à l'exprimer avec les mots justes.<br /> Quoi qu'il en soit, je trouve que l'organisation de cours de français est très bien, très utile!!
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N
<br /> Je suis surprise que tu mettes en avant le comportement de "parent" qui n'est pas du tout le moteur de ce groupe, bien que son nom puisse mettre en erreur. Tout est basé au départ sur les<br /> cours de français... autour desquels on aborde différents sujets, culturels, santé, administratif, en fonction des questions ou des remarques qui surgissent.<br /> <br /> <br />
I
Tres joli reportage. Tu touches a pleins de themes importants relatifs a l'immigration ou l'exil... biculturalite, alterite, culture Republicaine...<br /> Je suis d'accord avec tout ce qui est dit: "Pour savoir où je vais, je dois d'abord savoir d'où je viens et qui je suis".<br /> Tu souleves le theme de la filiation et de l'affiliation.<br /> Richesse de la bi-culturalite.Nos parents le voyaient'ils de la meme facon?? perso, je pense qu'ils ne s'en pas trop mal sortis- arrives ds un pays etranger avec une culture et langue differente. Pour eux cette situation "d'exil" etait provisoire ( gagner un peu d'argent et rentrer au pays...), donc ils ne voyaient pas trop la necessite de s'enraciner dans le pays d'accueil. La donne a change quand ils ont fait venir leur famille, ls enfants se sont appropries la culture du pays. Les enfants ont ete qq part des iniateurs, a servir de lien entre la famille (la langue d'origine) et la langue du pays d'accueil. Je me demande aussi si les roles n'ont pas ete ainsi inverses- les enfants devenus ls parents de leur parents? vu qu'ils parlaient et maitrisaient la langue et les codes du pays d'accueil.......
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N
<br /> Selon le cas, tu as raison, ce sont parfois les enfants qui font le lien et les rôles sont inversés. Cela dépend de l'histoire de chaque famille, depuis quand ils sont là,..<br /> <br /> <br />