Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Diyarbakır, couleur basalte - 1

Diyarbakır, ville de plus d'un million d'habitants, située sur les rives du Tigre dans le Sud-Est de la Turquie, mérite bien qu'on lui consacre plusieurs billets tant la diversité de ses richesses, souvent cachées, est grande.

 

 


Diyarkabır

 

Pourtant, elle n'a pas très bonne réputation et les touristes y viennent peu nombreux. On la dit triste, peut-être en raison de la couleur du basalte très présente dans la ville. 

 

Durant les années 1980 et 1990, elle a été le foyer de la résistance kurde. Ces derniers, venus des régions alentours pour s'y réfugier, représentent la majeure partie de sa population actuelle. La situation économique de Diyarbakır est très difficile, le chômage particulièrement élevé.

 

L'histoire de cette ville remonte à environ 1500 ans av. J-C. avec le royaume hourrite de Mitanni  (peuple d'Asie Mineure, du sud caucasien semble-t-il) situé alors au nord de la Syrie actuelle. Les Ourartéens, les Assyriens, les Perses, Alexandre le Grand et ses successeurs en prennent possession tour à tour.

 

  IMGP9256---les-murailles-enserrent-la-ville.JPG

 
Les Romains la colonisent en 115 avant qu'elle ne soit conquise par les Arabes en 639. Le nom d'origine de la ville est Amida. La cité sera rebaptisée "Dıyar bakr", autrement dit "le royaume de Bakr", après que la tribu arabe des Beni Bakr s'y sera installé.

La vieille ville est ceinte d'une muraille circulaire dotée de quatre portes monumentales érigées aux quatre points cardinaux.

 

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                          Dağ kapı, une des portes les plus connues de la ville de Diyarbakır

C'est donc dans la vieille ville que je vous emmène pour découvrir les coins connus et d'autres qui le sont bien moins. Hormis les grands axes, il est difficile de s'y retrouver dans le dédale des ruelles souvent sans nom.

 

L'Ulu Cami est sans nul doute la mosquée la plus connue. C'est Malik Şah, un des premiers sultans seldjoukides qui l'a fait construire en 1091.

 

  Ulu-Cami-copy-copie-1.jpg
            
Le plan de cette mosquée est rectangulaire et le style arabe. Au-dessus du porche d'entrée, un médaillon daté de 1179-1180, donc postérieur à la construction d'origine, représente un lion attaquant un taureau, symbole du Newroz, le jour de l'an kurde.

 

  Lion-et-taureau-sur-porche.JPG
           

La taille de la cour intérieure est conséquente et les fontaines aux ablutions, au toit cônique, des plus étonnantes.

 

   Cour-interieure-copy.jpg
               
La façade opposée qui se dresse devant soi, une fois le porche franchi, comporte des piliers richement décorés et des frises de toute beauté.

                             

Comme souvent dans les cours des mosquées, on rencontre des hommes qui s'installent là, pensifs, méditatifs...

                             

La forme carrée du minaret est rare en Turquie. Après un incendie survenu en 1155, la mosquée a subi des modifications importantes.

                           

L'intérieur, très sobre, ne présente pas d'intérêt particulier, si ce ne sont le mihrab et le minbar.

                            

Non loin de là, de l'autre côté de l'avenue, on se laisse guider par le bruit pour trouver le quartier des métalliers et ferronniers. Cet univers, typiquement masculin, est bien sympathique.

 

  des-personnages-copy-copie-1.jpg

                    
Tout le monde veut être pris en photo, qu'on travaille ou qu'on fasse une pause.

                              
                                                      Le marteau et l'enclume

 

  Papi-copy-copie-1.jpg
               Ce fringuant octogénaire, recherchait une jeune femme pour se marier...

Les vendeurs de tombola viennent quodiennement proposer leurs billets ici aussi.

 

                     vendeur-de-tombola-copy-copie-1.jpg                               

C'est là que Mustafa, mon ami kurde, né à Diyarbakır, tient boutique et vend du matériel aux artisans du coin.    

Ses coordonnées m'ont été données à l'époque par un couple de français qui avait eu l'occasion de faire sa connaisance auparavant. Lors de mes deux virées à Diyar, c'est chez lui que nous avons été invitées à partager le dîner.

 

C'est l'occasion de faire connaissance avec toute la famille, Cemile, son adorable épouse, et les enfants, avec qui nous avons passé d'inoubliables moments.

 

  Mustapha--Cemile-et-la-petite-Busra.JPG

                   Mustafa entourée de sa femme Cemile et de la petite dernière, Bursa

Demain, nous poursuivrons la visite de la vieille ville de Diyarbakır, à la découverte de quelques églises, d'autres mosquées et aussi de ses habitants...

                

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C
domage, dyar bakr est jolie ville. mais,j'aure<br /> aimee voir la ville de mardin car mon pere,et mon grand pere,et son pere a lui sont née<br /> a mardin <br /> je suis un siryac de lyon
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N
<br /> Je suis heureuse de faire votre connaissance grâce au blog. J'étais 4 fois à Mardin, qui est une ville merveilleuse et j'ai écrit un article dessus http://dubretzelausimit.over-blog.com/article-15406399.html. J'espère que vous aurez du plaisir à le lire.<br /> <br /> <br />
E
bonjour madame je voudrais vous remercier pour ces magnifiques photo de la turquie. Malheureusement on ne connait que très peu cet aspect là de la turquie qui à mon avi représente La vraie Turquie . voila merci encore
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N
<br /> <br /> Iyi akşamlar Esra hanım, merci pour votre gentil mot. Je souhaite, à travers ce blog, présenter, comme vous le dites, la vraie Turquie... celle que finalement beaucoup de gens ignorent. Il y a<br /> Istanbul... et il y a le reste de la Turquie, Istanbul étant un fait un patchwork représentatif du pays avec ses diversités.<br /> <br /> <br /> <br />
C
Merci pour la belle ballade!
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N
<br /> Avec grand plaisir !<br /> <br /> <br />
L
En parlant de contrôles, ce n'est pas toujours bon enfant! Du coté du Dersim (Tunceli) j'ai subi un vrai interrogatoire de police loin d'être sympathique. (pourquoi vous allez là, vous allez voir qui? Dans quel hôtel allez vous aller?... Comme j'en savais rien, ça les a beaucoup énervés)
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N
<br /> Dans la région dont tu parles, je ne suis pas (encore) allée ... et il faut dire qu'elle est plus "chaude" que d'autres. Qu'est-ce qu'une française peut bien faire dans ces coins reculés<br /> où les touristes doivent se compter sur les doigts d'une main.. ou presque, ceci pouvant expliquer cela...<br /> <br /> <br />
C
Nous avons vu un reportage, il y a quelques jours, sur un parti politique qui y faisait campagne. Le paysage enneigé était splendide, c'est aussi à voir.
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N
<br /> N'étant pas amateur de froid, je ne fais pas de grande virée en période hivernale...<br /> <br /> <br />
C
Encore un endroit à visiter .. je le met sur ma liste :o)<br /> La réputation n'est pas bonne, tu as raison. Beaucoup d'européens me demandent si ce n'est pas dangereux quand je dis aller dans l'est. Il est vrai qu'il reste des traces des périodes difficiles, mais les guérites et les postes de contrôles enterrés sont vides maintenant ... du moins dans la direction de Mardin.<br /> Bonne soirée.
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N
<br /> Selon les endroits plus ou moins proches de certaines frontières "sensibles", il y a des contrôles d'identité... mais qui se sont toujours fait dans une ambiance bon enfant en étant étranger venu<br /> visiter la région. Cela me rappelle le souvenir du moment où nous nous sommes retrouvés en zone militaire, près d'Ani, sans le savoir, et que je suis allée expliquer notre deveine au soldat qui<br /> faisait signe d'arrêter et que la discussion s'est terminée de façon bien sympathique... La réaction des européens dont tu me parles ne m'étonne guère, je l'ai connu et la connais encore<br /> régulièrement, sachant que ces gens n'ont jamais mis les pieds en Turquie pour la plupart...<br /> <br /> <br />
L
Oui, je connais cette ville presque comme ma poche :)
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N
<br /> <br /> Bravo ! Je ne suis pas certaine que je retrouverais tous les endroits toute seule si j'y retournais maintenant... surtout une des églises dont je parlerai demain.<br /> <br /> <br /> <br />
P
J'ai bien rigolé avec le grand-père qui cherche une jeune épouse! Merci Nath'!!
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N
<br /> Nous aussi, nous avons bien ri...<br /> <br /> <br />
L
Il y a là bas un resto traditionnel que j'aime bien (j'espère qu'il existe toujours). Il est juste à coté du centre culturel dicle Firat.<br /> Il se situe dans une habitation faite de ce basalt noir.<br /> Il y a des salles typiques à l'étage.<br /> La nourriture est sympa.<br /> <br /> Il y a aussi un grand parc sympa à la sortie de la ville où l'on peut boire du thé et fumer le narghilé. (mais bon, en hiver ça doit être moins sympa)<br /> Je ne vais pas énumérer tous les trésors cachés de cette ville, j'en aurai pour des pages et des pages :)
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N
<br /> Je ne connais pas ce resto traditionnel, je connais surtout la cuisine de la femme de Mustafa... Tu vas sans doute reconnaître d'autres endroits demain lorsqu'on continuera la visite... Et je sais<br /> que je n'ai pas encore tout vu  sur place.<br /> <br /> <br />
M
C'est une ville magnifique. Nous l'avons visitée il y a qqes années et avons été surpris par cette couleur basalte qui change du reste du pays. Cela lui confère un charme différent de ce que l'on connait et ses habitants sont tellement attachants (là, par contre, c'est la même chose que dans le reste de la Turquie ....).<br /> A+ - Schmoutz
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N
<br /> Je ne savais pas que vous êtes passés par Dıyar également. Oui, comme tu dis, elle a un charme particulier...<br /> <br /> <br />