Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
22 Mars 2009
Le plus illustre des habitants de la ville de Tarsus, située à l'est de Mersin, est sans aucun doute Saint-Paul, une des figures importantes du christianisme. Le Pape Benoît XVI a d'ailleurs proclamé une année Saint-Paul qui a débuté le 28 juin 2008 pour marquer le bimillénaire de sa naissance située entre 7 et 10 après Jésus-Christ.
Cette cité qui compte actuellement 230 000 âmes mérite largement le détour. La vieille ville recèle de nombreux témoignages de son passé, en particulier romain.
En 1993, des fouilles ont permis de mettre au jour un tronçon de voie romaine d'une soixantaine de mètres, en pierre de basalte polygonales symbolisant la grandeur de Tarsus il y a près de 2000 ans. Cette voie a peut-être été empruntée par quelques personnalités célèbres dont Marc-Antoine et Cléopâtre (qui s'y seraient rencontré...), Jules César, Auguste et bien d'autres...
La voie romaine, visible à travers le grillage
A côté se trouvent également une plate-forme à colonnes ainsi que les traces d'une maison, dont la cour faite de mosaiques, datent du 4ème ou du 5ème après Jésus-Christ. Ces excavations sont pour l'instant protégées par un grillage et donc fermées au public.
Non loin de là, après avoir traversé d'anciennes halles assez jolies, qui abritent à présent quelques commerces traditionnels, une mosquée attire mon regard, Miralah Ahmet bey camii érigée en 1899. En fait, ce n'est pas tant le bâtiment en soi qui m'intrigue - il ne semble d'ailleurs pas présenter d'intérêt particulier - mais plutôt le bel arbre délicatement préservé et pour lequel une encoche a été réalisée au niveau du toit et de la gouttière...
Miralah Ahmet bey camii à Tarsus
Un peu plus loin, dans un espace dont l'accès est payant, se trouve le puits de Saint-Paul. Il est dans la cour d'une vieille construction où l'apôtre aurait habité... L'eau tirée de ce puits était considérée comme sainte et aurait eu le pouvoir de guérir ceux qui en buvaient.
Le puits de Saint-Paul est situé sous le panonceau jaune
C'est là aussi que sont concentrées une partie des anciennes maisons de la ville, tout à fait à mon goût. L'architecture traditionnelle a été bien préservée pour un bon nombre d'entre elles et c'est un vrai plaisir de déambuler dans les ruelles étroites qui les abritent.
La pierre se marie avec le bois, les avancées de certaines demeures sont surmontées de fenêtres aux formes diverses et les portes massives donnent envie de les pousser pour découvrir les cours intérieures qu'elles abritent pour la plupart.
Le niveau inférieur est souvent utilisé comme local professionnel ou à usage commercial, l'habitation étant reléguée au niveau supérieur.
Après avoir traversé la place qui abrite la mairie, le son d'une musique guide mes pas. Je reconnais de loin ces sons annonciateurs d'un mariage. Sur une petite place, "davulcu", le joueur de tambour, et zurnacı, le joueur de zurna, instrument à vent à anche de la famille des hautbois, sont à l'oeuvre.
Ils iront effectivement en fin de journée dans un village proche de Tarsus pour animer une noce, mais pour l'instant ils jouent pour leurs amis ... et pour moi qui viens les rejoindre.
Yusuf, vêtu de son şalvar, le pantalon large traditionnel, souffle dans son zurna en gonflant ses joues pour en tirer des sons entraînants.
Necah, quant à lui, bat la mesure sur son tambour, entre autres à l'aide d'un bâton réalisé en bois de limettier, arbuste qui produit les fameux citrons verts.
Ce moment passé à deviser, à écouter de la musique et... à boire plusieurs thés, a été des plus agréables.
Mais il reste encore bien des choses à découvrir à Tarsus et je dépose mon sac à dos dans un local tout proche, celui de Mehmet bey, dont j'aurai l'occasion de reparler.