25 Mars 2009
Au Sud de la ville de Silifke s'étend la plaine du même nom ainsi que le delta de la Göksu, fleuve de 260 kilomètres de long qui prend sa source dans les montagnes du Taurus et se jette dans la Méditerranée
Ce secteur comprend deux richesses particulières, sa production maraîchère de toute première importance, et son avifaune.
On trouve bien évidemment, comme dans la toute région côtière d'Adana et à l'ouest de cette ville, des orangers et surtout des citronniers par milliers.
Les citronniers croulent sous le poids des fruits.
Outre le blé et la fève, l'arachide faisait partie il y a encore dix ans des produits récoltés. Cette dernière a fait place à la tomate mais surtout à la fraise. Des serres abritant des plants de tomates composent une bonne partie du paysage.
Les champs de fraise sont également visibles partout à la ronde, soit sous serres, soit à ciel ouvert.
Même si l'on est dimanche le jour de ma première promenade dans le secteur, des personnes s'affairent au bord de la route, la fraise n'attend pas...
L'exploitant à qui je m'adresse, est propriétaire d'une centaine de rangées de fraisiers ... et d'une soixantaine de rangées de plants de tomates. La saison du délicieux et délicat fruit rouge vient de commencer.
Tous les jours, il faut venir récolter les fruits mûrs, un par un. Chaque rangée va produire... entre 3 et 5 tonnes de fraises, sur une période de trois mois.
En mars, c'est au niveau national que la récolte sera vendue. Par contre, en avril et mai, la production est destinée à des pays tels que la Russie, l'Irak, l'Azerbaidjan... ou la Hollande.
La fraise coûte cher ; non seulement il faut acheter le film noir pour protéger les plants, les cerceaux sur lesquels seront tendus les centaines de mètres de nylon, mais il y a surtout le coût de la main d'oeuvre chargée de la cueillette.
Une partie de la cueillette du jour
Je me délecte de quelques beaux specimens dont le goût délicieux me revient à l'esprit en écrivant ces lignes. On me propose de m'en donner encore pour la route, mais j'ai peur de les abîmer.
Il est 15 h passées et la journée de travail se termine. Les femmes prennent place à l'arrière du véhicule chargé de les ramener. L'une d'elle se met au volant en faisant mine de vouloir partir avant que tout le monde ne soit à bord, c'est la franche rigolade.
Il est assez difficile de s'orienter dans ce secteur, les panneaux étant quasi-inexistants. En m'orientant en fonction de la position du soleil, je finis tout de même par trouver quelques villages figurant sur ma carte.
Quelques rares maisons traditionnelles subsistent encore mais la plupart ne semblent plus habitées. Elles sont construites en pisé, matériau constitué de terre argileuse humide mêlée à du foin ou de la paille.
Sur un poteau électrique d'où partent des fils de tous les côtés, je retrouve mes racines alsaciennes, une cigogne y a construit son nid ...
A quelques kilomètres de la zone habitée et cultivée, le Delta de la Göksu, par lequel je fais un détour quelques jours plus tard, abrite un des plus importants centres de nidification et de migration d'oiseaux. Plus de 450 espèces y ont été recensées, certaines vivant uniquement en Turquie, d'autres y faisant une étape plus ou moins longue durée dans le cadre de leur migration.
Je ne suis pas équipée en matériel photo adapté pour ce genre de prises de vue. Je m'arrête longuement, à plusieurs reprises, au bord de zones marécageuses, pour observer le vol de hérons, d'hirondelles et d'au moins une dizaine d'autres espèces qu'il ne m'est possible d'identifier de façon certaine.
Comment t'appelles-tu, bel oiseau, que j'ai eu beaucoup de mal à photographier, tant tu bougeais sans cesse ? Il semblerait que tu soies une bergeronnette grise...
Il faut du temps et aussi être là à la bonne période pour profiter de la présence de flamants, de martins-pêcheurs, de guêpiers, de sortes de rossignols, d'alouettes ou autres oiseaux.
De même, la flore du delta se compose de 441 sortes de plantes différentes, 32 étant rares et 8 que l'on trouve uniquement dans ce secteur, un paradis pour les botanistes également.
Je reviendrais avec plaisir dans ce coin de pays avec un spécialiste de la faune et de la flore pour profiter de ses connaissances, il me reste juste à le trouver...