14 Mai 2009
A cinq kilomètres à peine de la paisible ville de Silifke, située dans le sud de la Turquie, délaissée des touristes, une grotte, en fait une église souterraine, celle d'Aya Tekla, autrement dit Sainte Thècle.
Cette Sainte, qui a vécu au 1er siècle, est reconnue par l'église catholique et orthodoxe, et sa vie occupe une place de choix dans la croyance chrétienne.
Saint-Paul, que j'ai eu l'occasion d'évoquer lors de précédents articles consacrés à Tarsus, sa ville natale, http://dubretzelausimit.over-blog.com/article-29317054.html, http://dubretzelausimit.over-blog.com/article-29355070.html, fut une des personnes les plus importantes quant à la diffusion de christianisme. Il s'enfuit à Iconium (l'actuelle ville de Konya en Anatolie Centrale), après avoir été expulsé de Pisidian Antiochia, (actuelle district de Yalvaç, dans la province d'Isparta).
Alors que Saint-Paul prêchait dans une maison où il avait trouvé refuge, une jeune fille, habitant tout près, l'entendit. C'était Thècle, âgée de 17 ans et fiancée. Impressionnée par les sermons, elle renonçât à son engagement pour devenir disciple de celui qui prêchait la bonne parole. La mère de Thècle et son fiancé se plaignirent aux autorités.
Représentation de Sainte Thècle
Le gouverneur de la ville fit jeter Saint Paul en prison afin qu'il soit interrogé. Thècle réussit à convaincre les gardes de lui permettre d'entrer dans la cellule du Saint, qu'elle n'avait pas encore pu approcher. Elle se mit à genoux devant lui pour écouter ses enseignements. Lorsque la famille de Thècle et le gouverneur eurent vent de l'affaire, Saint Paul fut battu, puis expulsé de la ville.
La grotte-église de Sainte Thècle
Thècle fut condamnée à être brûlée sur la place publique. Alors que le feu venait d'être allumé, une pluie torrentielle s'abattit et inonda les lieux, sauvant ainsi Thècle d'une mort certaine. La jeune fille retrouva Saint Paul, caché dans un proche cimetière avec ses disciples ; elle coupa ses cheveux et donna ses vêtements à un homme, décidée à suivre l'apôtre pour toujours.
Fragment de pierre ancienne
De retour à Pisidian Anthiochia, Thècle s'attira à nouveau des ennuis lorsqu'un noble du nom de Alexandros tomba amoureux d'elle. Cette fois, Thècle fut condamnée à être mangée par les lions. La sentence fut effectuée, mais les lions... la protégèrent au lieu de la dévorer et le gouverneur la laissa finalement libre.
A l'intérieur de la grotte
Après une nouvelle période d'errance, Thècle finit par retrouver Saint Paul dans la ville de Demre et lui racontât sa nouvelle épreuve. Après lui avoir fait ses adieux, elle retourna à Konya où elle séjourna un court moment avant d'aller à Seleucie, l'actuelle ville de Silifke.
Caveau souterrain
C'est là qu'elle bâtit un ermitage où elle vivra jusqu'à la fin de sa vie, à 90 ans, selon les sources ; elle y serait enterrée. Durant sa présence sur place, elle guérit de nombreux malades, invitant aussi la population locale à se convertir au christianisme. Cette femme, première martyre, considérée comme l'égale d'un apôtre, fut canonisée bien après sa mort.
La citerne située près de la grotte
Une église fut édifiée là en 480 par les byzantins, au-dessus de la grotte où elle vécut. Quelques ruines subsistent encore, en particulier celles d'une citerne située près de l'entrée de la grotte accessible par quelques marches.
L'intérieur de la citerne
Tous les ans, les 23 et 24 septembre, jours de sa fête (différents pour les catholiques et les orthodoxes), ont lieu des cérémonies en sa mémoire. Une procession a lieu le long de la route romaine antique en direction de la grotte, suivie d'une messe dirigée par le patriarche grec orthodoxe d'Istanbul.