6 Juillet 2009
Même si le thermomètre stambouliote flirte encore avec les 28° en ce beau dimanche de juillet à 18 h, une sensation de douce fraîcheur est perceptible. Le soleil commence tout doucement à baisser, jouant à cache-cache derrière les immeubles de la ville.
Les rives du Bosphore entre Fındıklı et Kabataş, à quelques minutes à pied de chez moi, sont encore noires de monde, comme tous les week-ends. Les çay bahçesi - ces jardins à thés qui font partie intégrante du quotidien turc - ne désemplissent pas et il est difficile de trouver une place. Tout le monde souhaite profiter tant du spectacle permanent qu'offre le Bosphore de la douceur du moment.
Familles, couples ou amis envahissent les espaces verts situés entre la rive et le boulevard. On accroche les hamacs entre les arbres, la théière est en action, la pastèque découpée en morceaux et les paquets de graines de tournesol ouverts.
Les éclaboussures du Bosphore font partie du spectacle
Les marchands ambulants arpentent le quai en permanence, proposant leurs helva croustillantes, leurs fruits secs ou leurs tranches d'ananas rafraîchissantes.
Une tranche d'ananas gorgée de jus ?
Les tenues sont diverses et variées, les bermudas et les robes courtes voisinent avec des tenues plus couvrantes.
On se promène tranquillement, s'arrêtant parfois en cours de route pour observer les pêcheurs qui font siffler leurs cannes, imperturbables au va-et-vient, affolant au passage les mouettes dont les cris s'amplifient aussitôt.
Un homme revêtu d'un bermuda et de palmes de couleur orange s'apprête à plonger dans les eaux du Bosphore. Un, deux, trois, en avant !
Pendant ce temps, un jeune garçon, le crâne rasé, propose sans conviction ses paquets de mouchoirs en papier aux personnes attablées.
Une vieille anatolienne toute ridée, à la bouche édentée, un long foulard noué autour de ses cheveux, passe de table en table et tend la main en marmonnant difficilement "Allah yardım etsin", "Que Dieu te vienne en aide" ! A chaque table, on lui donne la pièce, la générosité reste de mise... Dieu ne me viendra pas en aide, elle ne s'est pas arrêtée à ma hauteur...
A quelques mètres de moi, quelques jeunes crient joyeusement lorsque des vagues viennent les éclabousser, sautant en arrière, mais pas trop pour pouvoir profiter de la fraîcheur de l'eau.
Une famille en jeans marche en cadence en passant devant moi. Seul le poupon, qui a aussi le droit de prendre l'air, n'a pas adopté le même rythme dans les bras de la fillette aux longs cheveux joliment tressés.
Un jeune père de famille et son fils ont rangé leur attirail de pêche. Chacun met son casque et enfourche la moto, après avoir pris le soin de mettre la canne en équilibre à l'arrière de l'engin, en l'accrochant au sac à dos.
Une fillette promène scrupuleusement sa poussette bien plus grande qu'elle. La peutiote ne voit pas devant elle mais aucun accrochage n'est à déplorer, elle assure !
"Taze simitler", le marchand de simit portant à bout de bras son petit étal, vante la fraîcheur de sa marchandise de sa voix grave !
Un marchand de bonheur fait crisser la manivelle de son manège sur roulettes d'un autre temps et les enfants poussent des cris de joie lorsqu'ils s'envolent dans les airs !
Il n'y a pas de plage dans ce secteur mais les tas de sable permettent tout de même aux enfants de s'y croire ! On remplit des bouteilles qu'on renverse aussitôt, on manie la pelle et le seau avec entrain !
Un tout jeune garçon vient proposer son aide à une apprentie-jardinière ! Veux-tu que je te montre comment planter des fleurs, lui suggère-t-il, en se grattant non pas l'oreille mais le pied ? Non, non, je suis bien assez grande pour me débrouiller !
Toutes ces scènes de vie dominicale ont lieu avec pour bruits de fond les ronrons des bateaux à moteur qui vont et viennent d'une rive à l'autre, au milieu des goélands qui rient de tout et de rien...
Il suffit de regagner le boulevard pour retrouver les autres sons de la rue, les klaxons des taxis, les moteurs surchauffés des bus, la pelle mécanique qui, dimanche ou pas, accomplit sa tâche, un dimanche finalement bien ordinaire à Istanbul, sur les rives du Bosphore...
On peut rester des heures là, à observer, tant les sujets sont divers et variés !