22 Juillet 2009
Dans huit mois, G.A., né sur la rive égéenne il y a 69 ans de cela, sera à la retraite, après avoir passé 42 ans de sa vie dans les airs. Les vingt premières années l'ont été à bord d'avions de combat de type F5 ou F104 dans l'armée de l'air turque.
En 1987, après avoir pris sa retraite militaire et passé un an aux Etats-Unis, il intègre la compagnie d'aviation Türk Hava Yolları, autrement dit THY, en tant que pilote de ligne.
Quelques minutes avant le décollage, le capitaine accueille les passagers avant de rejoindre sa place
A ses côtés, E.Ö., le co-pilote se souvient de son premier vol qui l'a conduit... à Mulhouse, ma ville natale, puis Lyon, c'était il y a 6 ans.
C'est à l'université anatolienne publique d'Eskişehir, ville située entre Bursa et Ankara, que dix élèves seulement, triés sur le volet en fonction de leurs aptitudes, suivent un cycle de formation de quatre ans avant de pouvoir commencer à voler.
A gauche le képi du capitaine, à ses côtés celui du co-pilote
Il existe également en Turquie 6 ou 7 établissements privés qui permettent, après 18 mois d'enseignement, d'obtenir une licence de vol et un diplôme reconnu .
En sortant de l'école d'aviation, huit années de pratique de vol sur des avions de ligne commerciaux sont nécessaires pour devenir capitaine. Tous les ans, trois mois environ sont consacrés à la formation sur les nouvelles technologies.
Des boutons et des manettes tout autour de moi
Dans le temps, on ne pouvait devenir capitaine qu'à partir de 40 ans. Cette limite est depuis descendue à 30 ans. La réglementation aérienne mondiale permet de prétendre à la retraite à partir de 65 ans.
Un pilote a le droit de voler neuf heures d'affilée au maximum. De ce fait, sur les vols dits "long courriers", un troisième pilote fait partie de l'équipage pour assurer la continuité du service.
De temps à autre, la main humaine est tout de même nécessaire...
Lors de vols de courte durée ou de rotations, ceux-ci se montent à trois ou quatre/jour au maximum avec en principe une heure de pause entre les deux.
Les dizaines de boutons et d'écrans qui nous entourent dans la cabine sont tous en double, une série du côté du capitaine, une autre du côté du co-pilote. Non seulement cet équipement des plus complexes pour la novice que je suis se trouve devant mon nez, mais également au-dessus de nos têtes.
Quelques informations succinctes me permettent de situer les informations concernant les latitudes et longitudes, celles sur l'état du vol, le système de pressurisation,...
Tout le pilotage se fait pratiquement de manière automatique ; la présence humaine est finalement plus destinée à assurer les situations d'urgence et à régler les problèmes qui peuvent survenir avec des passagers.
G.A. n'a jamais eu de naissance à bord durant ses 22000 heures de vol, même s'il a les connaissances nécessaires pour assurer cette éventualité. La condition la plus difficile, selon lui, a été lorsqu'un passager ivre a semé la zizanie. Dans ce cas-là, comme dans tous les moments délicats et inhabituels, c'est le capitaine qui prend la décision finale...
La traversée de la couche nuageuse a commencé
La piste d'atterrissage approche et je cesse de parler pour observer la manoeuvre de changement de cap de l'avion et l'amorce de la descente, un moment impressionnant !
Une voix féminine automatisée informe de la distance qui reste à couvrir, 1000 mètres, 500 mètres, 400 mètres, 300 mètres,....
Ce vol m'a permis de passer le plus clair de mon temps dans la cabine de pilotage de ce Boeing 737, à une altitude de plus de 11600 mètres, et une vitesse de croisière de 840 km/h. Ö., la ravissante responsable des hôtesses de l'air, est venue nous servir un thé et discuter un moment, puis c'est au tour d'une autre de ses charmantes collègues de prendre sa place.
Je suis particulièrement heureuse d'avoir eu l'autorisation exceptionnelle de rester aux côtés de cette plus que sympathique équipe pour en savoir un peu plus sur ce métier hors du commun qui fait rêver petits et grands.
Le nazar boncuk est présent et nous protège...
Après l'atterrissage, le capitaine est sorti de sa cabine, comme avant le décollage, pour saluer ses passagers à la descente.
J'ai été surprise du nombre de petits mots gentils auxquels il a eu droit et je retiendrai en particulier celui d'une fillette âgée de six ou huit ans qui voyageait avec sa peluche : "Ma maman a toujours peur dans l'avion, mais avec vous, elle n'a pas eu peur !" Joli compliment bien mérité...
L'équipe de Çelebi à l'arrivée
G.A. apprécie et après avoir pris congé, s'en va acheter un cadeau pour son petit-fils avant de reprendre la route des airs.
P.S. Pour des raisons de confidentialité, les noms, visages et informations sur l'origine et la destination du vol ne figurent pas dans cet article, merci pour votre compréhension.