7 Septembre 2009
Depuis dix ans, le premier dimanche du mois de septembre est synonyme, dans une trentaine de pays d'Europe, de journée européenne de la culture juive .
Premier concert de la journée à la synagogue Aşkenaz
Je vous propose de lire l'article en musique, grâce aux trois liens suivants des enregistrements réalisés hier lors de différents concerts. Voici déjà là un morceau interprété par le Choeur de la communauté juive de Thessalonique.
Le Choeur de la Communauté juive de Thessalonique donnait un concert à la synagogue Aşkenaz
Chaque année, une thématique différente permet de découvrir l'héritage historique et culturel juif partagé ainsi avec le peuple de chaque pays participant.
Vitrail de la synagogue italienne de Beyoğlu, Istanbul
La Turquie participe depuis 8 années à cette manifestation. Informations de tous ordres et distractions permettent ainsi de faire connaissance avec la culture juive par le biais de concerts, de discussions, d'expositions, de visites.
Le thème de cette année était "les fêtes et traditions juives". Sur cette terre turque où vivent depuis cinq cents ans des juifs venus d'horizons divers, les quelque 20 000 membres de la communauté juive d'Istanbul.....ont donné rendez-vous à tous dans le quartier de Galata qui regroupe plusieurs synagogues et lieux culturels.
Il y avait foule devant l'entrée de la synagogue Aşkenaz pour assister au premier concert de l'après-midi
Le centre culturel situé dans l'enceinte de la synagogue Neve Şalom accueillait deux expositions. L'une était consacrée au hanukiya (Hanouccah), la fête des lumières, durant laquelle on allume un chandelier à neuf branches. Un jury a choisi les plus beaux candélabres créés par les 215 participants de tous âges qui ont participé au concours organisé pour l'occasion.
La seconde exposition avait pour thème "la Torah illustrée". Peintres amateurs et professionnels ont été invités à réaliser des oeuvres sur les 54 chapitres de la Torah à l'aide de supports différents, telles l'huile, la peinture à l'eau, l'ebru,....
"La Thora illustrée, exposition au Centre Culturel Newe Şalom
Une discussion a fait salle comble en début de journée sur le thème "L'art de vivre ensemble". Plusieurs personnalités ont participé à cette rencontre animée par le Professeur Docteur Binnaz Toprak à la tête du Département de Sciences Politiques et de Relations Internationales à l'Université Bahçeşehir d'Istanbul et auteur de nombreux ouvrages et articles, en particulier sur le développement économique, les transformations culturelles, la démocratie en Turquie.
Salle comble pour la première discussion de la journée
Edhem Eldem, Professeur au Département d'Histoire de l'Université Boğazici d'Istanbul, professeur invité par l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris, auteur de plusieurs livres sur l'histoire ottomane, faisait partie des intervenants.
Kadri Gürsel, journaliste et reporter pour l'agence France-Press à Istanbul de 1993 à 1997, participait également.
Le dernier invité n'était autre que l'écrivain Mario Levi, qui a notamment écrit un roman "Istanbul Bir Masaldi" sur l'histoire d'une famille juive habitant Istanbul entre les années 20 et 80. Mario Levi a également enseigné le français et travaillé comme journaliste.
De gauche à droite, Mario Levi, Kadri Gürsel, Edhem Eldem et Binmaz Toprak
Deux récitals étaient proposés dans la synagogue Aşkenaz, tout d'abord celui donné par le choeur de la communauté juive de Thessalonique, sous la direction de Kostis Papazoglou.
Fondé en 1995 par des membres de cette communauté, ce choeur composé de 14 sopranos, 7 altos, 4 tenors et 5 basses, perpétue des chants sépharades (judéo-espagnols) mais également en grec et en hébreu.
Ils se sont notamment produits en 1997, en compagnie de l'orchestre "Symphonietta Beograd" dans le cadre des manifestations organisées pour "Thessalonique capitale culturelle européenne". Divers déplacements les ont amenés à chanter, entre autres, à Tel Aviv et Salzburg.
Deux récitals ont finalement eu lieu pour satisfaire le public qui se pressait nombreux à l'entrée de la synagogue. Je dois dire que c'était un réel bonheur d'écouter ces chants dont certains ne m'étaient pas inconnus.
Ce lien permet aussi de profiter tant de quelques extraits musicaux que d'un chant particulièrement rythmé interprétés par le choeur sépharade.
Le choeur sépharade dans la synagogue Aşkenaz de Beyoğlu, Istanbul
Ce groupe vocal a été fondé en 1985 par Cako Taragano qui le mène de main de maître. Le choeur a participé à de nombreux festivals de musique mystique ainsi qu'à divers programmes télévisés ou radiophoniques et donné des concerts en Turquie et à l'étranger.
Le joueur de ney du choeur sépharade
Le groupe est composé de huit hommes et sept femmes ainsi que de quatre musiciens jouant du saz, du kanun (sorte de cithare horizontale), du ney, cette flûte au son envoûtant, ainsi que du tambour.
Le kanun, instrument à cordes pincées de la famille des cithares
Au centre culturel Schneidertempel se tenait une exposition de sculptures créées par Nadia Arditti, bien connue dans ce milieu. L'artiste réalise notamment des oeuvres en bronze, en bois et en pierre.
28 expositions personnelles et 55 participations à des présentations collectives sont à son actif.
Les oeuvres de Nadia Arditti exposées au centre culturel Schneidertempel de Beyoğlu, Istanbul
Il m'est impossible de citer toutes les autres manifestations qui ont eu lieu hier et je n'ai pu assister à toutes, tant elles étaient nombreuses.
J'ai pris le temps de faire un rapide saut à la synagogue italienne ainsi que dans les locaux de l'association de Galata, deux lieux où avaient lieu d'autres concerts.
Synagogue italienne de Beyoğlu à Istanbul
L'an passé était organisée une reconstitution d'un mariage juif en la synagogue Newe Şalom. Cette année, une cérémonie de circoncision était au programme, interprétée par un groupe de théâtre.
Mosquée Newe Şalom de Galata à Istanbul
Cette pratique remonte au temps d'Abraham. Tous les garçons juifs en bonne santé sont circoncis le 8ème jour de leur naissance. Le parrain, assis sur le double siège "Elijah" dont le second reste libre, installe sur ses genoux l'enfant habillé de façon festive.
Le bébé circoncis ... était de chiffon hier...
Après l'intervention du médecin, un prénom juif est donné au bébé et des prières sont ensuite faites par les membres de la famille.
A l'issue de cette représentation, comme l'an passé déjà, tout le monde était invité à partager l'iftar, repas de rupture du jeûne, en cette période de Ramadan, geste symbolique de rapprochement entre les différentes cultures.
Si toutes les religions représentées dans chaque pays organisaient chaque année une telle journée pour faire connaître leur propre identité et leur culture, je suis convaincue que ce serait l'occasion de se rapprocher de l'autre, de faire ainsi connaissance pour mieux vivre ensemble...
Je vous propose encore là un dernier extrait musical duChoeur de la communauté juive de Thessalonique.