21 Septembre 2009
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Il ne fait pas froid à Istanbul en ce lundi de septembre et pourtant je suis emmitouflé comme d'habitude.
Je ne connais pas beaucoup cette chaleur humaine qui, dit-on, caractérise tellement les miens ; ils ne me voient même pas. Mon bonnet bleu couvre mon chef en laissant apparaître les rides de mon front marqué par les années.
Ma longue barbe poivre et sel ainsi que mes bottes jaunes me donnent l'air d'un pêcheur.
J'erre sur cette place d'Eminönü à Istanbul où des milliers de gens pressés vont et viennent tout au long de la journée, sans me voir...
Un pigeon s'approche de moi, je vais peut-être pouvoir parler enfin un peu. Je lui propose une miette de pain pour l'amadouer.
Mais lui aussi, rapidement, me tourne le dos... Même les pigeons se désintéressent de moi...
Mon triste baluchon de plastique à la main, je me retourne en direction de nulle part.
Le dos courbé, je déchiffre ce qui est écrit devant moi "Gardons les abords propres !"
J'hésite sur la direction à prendre, à gauche personne ne m'attend... à droite non plus !
Je replonge dans mes pensées solitaires et mon dos se voûte encore un peu plus...
Je repars vers l'inconnu d'une journée quelconque, qui n'a pas le goût craquant d'un simit, ni la couleur mordorée d'un thé...
En observant il y a quelques jours cet homme seul durant quelques minutes, j'ai lu un peu dans ses pensées, tant son visage que son attitude étaient parlants...