2 Octobre 2009
La première partie de cet article publiée hier a permis de retracer brièvement les origines et la vie de Mevlâna, bien qu'il soit difficile de résumer un parcours aussi riche en quelques paragraphes.
Aujourd'hui, nous allons passer tout notre temps dans l'enceinte du célèbre musée de la ville de Konya qui porte le nom de cet homme...
Dans la cour du musée Mevlâna de Konya, en fin de journée
C'est en musique que je vous invite à me suivre.
Après la mort de Mevlâna le 17 décembre 1273, ses compagnons décident d'ériger un monument au-dessus de sa tombe située à côté de celle de son père. Les deux hommes sont enterrés à l'endroit même où le sultan Alaeddin Keykubad 1er est venu accueillir la famille venue à Konya sur son invitation. Ce terrain a ensuite été donné à Baha ed-din Veled, le père de Mevlâna, et à ses descendants.
Dans la cour du musée Mevlâna
Rumi considérait les monuments funéraires inutiles et avait coutume de dire "Le véritable mausolée doit être le coeur des hommes". Néanmoins, les disciples de Mevlâna sont bien décidés à faire construire un mausolée en son honneur.
Ambiance particulière en ce samedi matin à 7 h 30, le silence règne encore
Quelques mois après sa mort, Süleyman Pervâne, un émir seldjoukide, accompagné de son épouse et un autre compagnon intime de Mevlâna, rendent visite au fils de ce dernier, Sultan Veled, pour lui faire connaître leur intention.
Dervişan kapısı, l'entrée principale qui permet d'accéder au mausolée
La proposition est acceptée et la construction confiée à un architecte turc, Bedr ed-din de Tabriz alors qu'un maître-artisan, du nom de Selimoğlu Abdülvahid, est chargé de la décoration intérieure du catafalque en bois qui couvre la tombe.
De nombreux membres de la famille et d'autres derviches sont enterrés là également
Le türbe de Mevlâna, d'une hauteur de 25 mètres, est achevé en 1274 et coûte la bagatelle de 130 000 pièces d'or seldjoukide... pour un chef-d'oeuvre sans pareil à cette époque.
Quatre piliers sont reliés entre eux par des arcs en briques et une toiture conique à seize côtes coiffe un tambour cylindrique à seize cannelures sur la circonférence duquel un bandeau épigraphique est placé. Des faïences émaillées recouvrent l'ensemble et l'intérieur est décoré de calligraphie.
Un mausolée somptueux pour un homme hors du commun...
Une fois ce mausolée achevé, Sultan Veled et les disciples de Mevlâna se regroupent aux alentours. Au fil du temps, des bâtiments annexes sont construits pour accueillir la confrérie qui ne cesse de grandir. Ce lieu, qui n'est à l'origine qu'un tombeau, devient le couvent des Mevlevi de la ville.
Autour de la tombe de Mevlâna et de son fils Sultan Veled qui repose à présent à ses côtés, 65 sépultures abritent les membres de sa famille mais également des derviches de Balkh, sa ville natale
La visite se prolonge à l'intérieur de l'ancienne semâhane, salle où les derviches accomplissaient leurs danses mystiques, et de la mosquée, contigus au türbe.
L'ancienne semâhane, avant que la foule des visiteurs ne vienne envahir les lieux
Les murs de la semâhane sont décorés de tapis de valeur d'origines diverses ainsi que de seccade, les tapis de prière.
De nombreuses vitrines abritent des objets d'art offerts au couvent.
Dans d'autres sont exposés des instruments de musique utilisés par les Mevlévi, tels les ney, ces flûtes au son particulièrement envoûtant.
Dans l'ancienne salle de prière, de nombreux manuscrits et reliures datant du XII au XIXème siècle sont visibles.
Reliure du "Divan'i kebir" de Mevlâna - 1854
Atatürk visite durant plus de trois heures le couvent et le türbe de Mevlâna en mars 1923 lors d'une visite officielle à Konya. Admiratif du grand mystique, Mustafa Kemal Atatürk, soucieux de préserver les oeuvres d'art, est conscient de la richesse des lieux.
Bien qu'il soit à l'origine de la loi du 30 novembre 1925 ordonnant la fermeture des tekke et medrese, c'est aussi lui, qui, par une circulaire gouvernementale du 6 avril 1926, fait transformer le site en musée qui ouvrira ses portes au public le 2 mars 1927.
J'ai eu l'immense bonheur de pouvoir "m'approprier" le musée Mevlâna durant près d'une heure un samedi matin d'août dernier, avant l'ouverture au public, et l'autorisation, difficilement accordée, du directeur des musées de la ville de Konya de faire des photos durant quelques minutes seulement.
Certaines sont ajoutées dans un album consultable directement à partir de la page d'accueil du site.