21 Octobre 2009
La vieille ville d'Afyon, accrochée aux flancs du rocher que l'on voit de loin, surmonté de sa forteresse, regorge, comme je l'écrivais dans mon premier billet, de charmantes maisons ottomanes.
Il me tardait néanmoins de découvrir l'Ulu Cami, mosquée seldjoukide construite en 1273 par Emir Hac sous le règne de Sahipata Nusreddin Hasan, fils de Fahreddin.
L'Ulu Cami d'Afyon vue du jardin avec en arrière-plan l'impressionnant rocher
J'attendais d'en voir l'intérieur, habillée de bois, comme la splendide mosquée Eşrefoğlu de Beyşehir, visitée quelques jours auparavant, et dont la beauté m'avait littéralement conquise.
Après avoir attendu que le détenteur des clés arrive pour ouvrir la porte principale, je découvre enfin l'intérieur de cette mosquée à la forme trapézoïdale.
40 colonnes en sapin sur 5 rangées, surmontées de chapiteaux en stalacticte représentatifs de l'architecture seldjoukide, soutiennent le plafond revêtu de dizaines de poutres.
Quelques décorations florales peintes sur le bois viennent égayer l'ensemble de leurs couleurs.
Plus que ces colonnades, c'est assurément le minbar en ébène qui m'a séduite, en particulier la porte finement ouvragée.
J'en ai presque oublié le mihrab en marbre, orné de versets du Coran, de même que le minaret flanqué de carreaux de faïence verte, pour porter mon attention surtout sur le minbar et sur cette forêt de colonnes qui s'offrait à mes yeux.
Avant de poursuivre ma route, je tenais aussi à visiter un autre lieu, la Mevlevihane fondée au XIIIème siècle ainsi que la mosquée attenante. Qui est véritablement à l'origine de ce lieu de vie des derviches est controversé.
Par contre, il est certain que le sultan Veled, fils de Mevlâna, ait fait d'Afyon le second centre Mevlevi de l'empire seldjoukide après Konya. D'ailleurs, la place principale de la vieille ville tient à rappeler le rôleimportant qu'ont joué là les derviches.
Le bâtiment, comprenant notamment cinq chambres, une cuisine et une imprimerie, est aujourd'hui transformé en musée qui présente des scènes de vie quotidienne chez les derviches.
Sema au son du ney (flûte) et du kudüm (tambour)
La mosquée visible de nos jours date de 1908, du temps du sultan Abdül Hamit II. En effet, 3 ans auparavant, un incendie a ravagé l'ancien lieu de culte qui appartenait aux derviches et dans lequel ceux-ci venaient se recueillir et danser.
La porte de l'actuelle mosquée
En 1925, lorsque le tekke a fermé suite à l'interdiction de la tenue de confréries soufies, ce lieu a été reconverti en mosquée traditionnelle, du fait de l'existence d'un minaret et d'un mihrab.
La mosquée abrite plusieurs sépultures de derviches, notamment Sultan Divan, qui a joué un rôle important dans le développement de la fondation soufie d'Afyon.
Je sais bien que ma visite d'Afyon et des environs est loin d'être complète. Toutes les maisons ottomanes, le musée archéologique, les sites phrygiens et les termes des alentours ne m'ont pas vu passer, mais ce n'est que partie remise.
Derniers regards dans la vieille ville
Pour l'heure, je bascule de façon radicale dans le XXIème siècle en découvrant la gare routière flamblant neuve.
Ce n'est qu'un au-revoir, Afyon, c'est certain, je reviendrai !