29 Novembre 2010
"Hurdacı, hurdacııııııı" crie-t-il à tue-tête pour prévenir les habitants de son passage, poussant devant lui sa charrette.
Ce n'est pas à proprement parler un ferrailleur car il récupère en fait absolument tout ce dont vous voulez vous débarrasser, du plastique à la ferraille en passant par les livres et la vaisselle, la liste n'étant pas exhaustive.
Charrette de hurdacı dans les rues de Beşiktaş, Istanbul
Ils sont ainsi des centaines dans les rues d'Istanbul mais également dans les autres villes de Turquie à vivre du commerce du bric-à-brac.
J'ai récemment croisé à Yeniköy une charrette de hurdacı portant le nom de son propriétaire, Ali. Une jante, deux vélos, quelques morceaux de tôle attendent sagement leur dernier voyage.
Ali n'est pas loin, devisant avec l'agent de sécurité qui campe dans sa guérite devant un yalı des bords du Bosphore, deux mondes opposés à quelques mètres à peine l'un de l'autre...
Originaire de la province de Niğde, en Anatolie Centrale, Ali est hurdacı depuis vingt ans déjà. Six jours sur sept, il arpente vaillamment avenues et rues du secteur qu'il couvre avant d'aller déposer son butin dans le dépôt du quartier affecté au stockage temporaire de tous ces objets dépourvus de leur propriétaire.
Ali, sympathique hurdacı travaillant dans les rues de Yeniköy à Istanbul
Certaines entreprises spécialisées, notamment dans le domaine du fer, du chrome et du plastique, viennent ensuite récupérer le matériel usagé aux fins de recyclage ou d'évacuation.
Vieil hurdacı se frayant un passage au milieu du trafic
La rétribution versée aux hurdacı varie fortement selon le matériau et le cours de celui-ci.
Si le fer est payé 3 kuruş/kg (environ 0,015 €/kg), l'aluminium se négocie à 2 TL (1,02 €/kg), le chrome à 3 TL (1,53 €/kg), le laiton à 5 TL (2,55 €/kg) et le cuivre à 8 TL (4,8 €/kg).
Il vaut mieux se couvrir la tête lorsqu'on passe la journée au soleil...
Ali a été étonné d'apprendre par des membres de sa famille vivant en Allemagne et en France l'existence des déchetteries où chacun vient déposer lui-même ce dont il ne veut plus alors que c'est son gagne-pain en Turquie.
Autres habitudes, autres us que les décideurs, du haut de leur tour d'ivoire, oublient bien souvent de prendre en compte lorsqu'ils prennent des décisions en vue "d'harmoniser" les modes de fonctionnement.
Pour voir la vie en bleu et juste avec deux roues au lieu des trois habituelles...
Il semblerait qu'environ 15 % de la population en Turquie vit grâce aux petits métiers de la rue, cela en représente des familles...