7 Juillet 2012
"Regarde nos mains ! Allah les a créées pour faire trois choses. Un, pour être des paumes - qui touchent, caressent, créent, aiment. Deux, pour être des poings qui frappent, blessent, détruisent, tuent ! Trois, pour les cacher, pour fuir et ne rien faire."
"Jeunes turcs", roman écrit par Moris Farhi, est un ouvrage qui évoque l'Istanbul de la jeunesse de l'auteur dans les années 40-50 à travers 13 récits.
On y découvre des adolescents musulmans, juifs et chrétiens vivant leurs premiers émois durant une période mouvementée de l'histoire.
C'est un livre plein d'émotions et de sensibilité, où l'humain a toute sa place.
Le chapitre intitulé "Havva : un lutteur" est sans aucun doute celui qui m'a émue le plus.
Babacık, l'ancien lutteur, devenu clown dans un cirque, récupère dans le quartier de Sulukule, Adem, ancien trapéziste, qui, après la mort de son compagnon de voltige suite à une erreur de calcul, est devenu un ivrogne. Babacık va essayer de convaincre ce dernier de reprendre confiance en lui et de remonter dans les airs comme trapéziste porteur.
Une histoire à lire avec attention et où la confiance, la peur mais aussi l'amour et le toucher ont un rôle primordial.
De la circoncision aux tremblement de terre, du hammam aux persécutions, "Jeunes turcs" offre un kaléidoscope vivant où la poésie et la liberté flirtent avec la souffrance et la mort.
"Jeunes turcs" est assurément un hymne à l'amitié, à l'amour et à la vie avec Rıfat, Musa, Bilâl, Babacık, Adem et les autres...
Un grand merci à Vincent pour cette belle découverte !