18 Février 2011
L'église Sainte-Irène, érigée en 324 par l'empereur Constantin 1er sur l'emplacement d'un temple consacré à Aphrodite et dédié à la pensée divine, est alors la plus grande église de Byzance.
Aya Irini, l'église Sainte-Irène d'Istanbul
L'ancienne cité grecque une fois devenue Constantinople en 330, Sainte-Irène devient cathédrale jusqu'à l'achèvement de sa voisine la basilique Sainte-Sophie en 360. Reliée autrefois directement à cette dernière, elles forment toutes deux l'ensemble ecclésiastique du patriarcat.
Des restes de l’antique temple d’Aphrodite sont visibles à l'extérieur
Une partie de la technicité visible à Sainte-Sophie est d'ailleurs héritée de celle qui l'a précédée, il suffit pour cela de comparer par exemple les élévations des deux monuments.
Sous Théodose, les assises du second Concile oecuménique ont lieu à Sainte-Irène en 381.
Façade côté ouest de l'église Sainte-Irène d'Istanbul
Sainte Irène, ravagée par les flammes en 532 durant la révolte de Nika - en même temps que Ste-Sophie -, est reconstruite en 540 durant le règne de l'empereur Justinien sous la forme d'une basilique à coupoles.
Détruite par un tremblement de terre en 740, l'empereur Léon l'Isaurien la fait réparer et agrandir par la même occasion. La seule et simple croix ornant le choeur témoigne de cette période iconoclaste. C'est l'architecture de cette époque qui est encore visible dans sa forme actuelle.
Sainte-Irène, première cathédrale de Constantinople
Après la conquête de Constantinople en 1453, Sainte-Irène ne sera pas transformée en mosquée, sort habituellement réservé aux églises, mais utilisée comme arsenal par les janissaires.
L'église se retrouve à l'intérieur de l'enceinte du Palais de Topkapı érigé en 1461-62, entourée par les bâtiments d'intendance du palais des sultans qui viennent prendre place autour d'elle, changeant résolument le visage du secteur. Située dans la première cour dite aussi cour des Janissaires, les visiteurs admirent cette construction byzantine avant de plonger dans l'univers ottoman.
Le maréchal Ahmet Fethi Paşa se sert des lieux en 1846 pour y organiser une exposition. En 1869, l'église prend le nom de Müze-i Hümayun, musée impérial, accueillant régulièrement diverses présentations lorsque les lieux prévus pour cela viennent à manquer. En 1908, Sainte-Irène devient même durant un certain laps de temps... musée militaire.
Après une période d'inutilisation, la direction du musée Sainte-Sophie va prendre Sainte-Irène sous son aile protectrice.
En 1987, on y commémore le 1200e anniversaire du concile de Nicée (İznik).
Décor de la coupole de l'église Sainte-Irène d'Istanbul
De nos jours, elle n’est ouverte au public que lors du prestigieux Festival de musique d’Istanbul qui a lieu tous les ans en juin, profitant de son acoustique exceptionnelle, ou, comme récemment, à l'occasion d'un symposium organisé entre ses murs.
L'église Sainte-Irène a été conçue selon un plan basilical à trois nefs avec une coupole surmontant la croisée, constituant ainsi un des premiers exemples de transition d'un plan basilical à un plan en croix.
La basilique couverte de deux coupoles se termine à l'est en une abside polygonale percée de trois grandes fenêtres en plein cintre.
Côté ouest, l'abside est occupée par les gradins d'un synthronon, seul du genre à Istanbul - le second en Turquie se trouvant dans l'église Saint-Nicolas à Demre. C'est là que prenait place le clergé.
Le décor se limite à la mosaïque de l'abside, une grande croix noire sur fond doré, à l'emplacement même où la tradition byzantine plaçait l'image de la Théotokos - mère de Dieu en grec.
C'est également la seule église byzantine à présenter un atrium d'origine, à savoir un parvis entouré de portiques qu'on retrouve dans les premières églises chrétiennes.
A l'intérieur, pierres et briques nues donnent le ton d'une sobriété poussée à l'extrême, un tant soit peu déconcertante au premier abord.