3 Octobre 2009
Dans l'ancien village syriaque de Dereiçi situé au coeur du Tur-Abdin, plusieurs lieux de culte accueillaient avant la Première Guerre mondiale les fidèles des 350 maisons de Kıllıt, ancienne appellation syriaque de la localité.
Trois églises coexistaient là, Mor Yuhanon Dilimiyo de rite syriaque orthodoxe, une autre syriaque catholique et la dernière syriaque protestante. Au vu des archives, soixante moines vivaient à Mor Abay au XIIIème siècle, un des trois monastères de Kıllıt.
Une petite église syriaque située sur les hauteurs de Dereiçi (Kıllıt)
L'église Mor Yuhanon (Saint-Jean), la plus importante, construite en 370, présente plusieurs particularités.
L'église syriaque Mor Yunanon Dilimoyo à Dereiçi
Composée de quatre parties, celle côté sud par laquelle on entre dans l'église, est appelée eyvan, sorte de narthex. La moitié de l'eyvan a été transformée en medrese en 1912.
De là, une porte permet d'accéder à la salle de prière également accessible par deux autres portes, l'une au sud et l'autre à l'est qui donne sur la troisième partie de la construction correspondant à une pièce indépendante qui comporte 3 petites sections utilisables par les prêtres par le passé et qui font partie de la plus ancienne section de l'église. La dernière portion était utilisée comme église en été...
La troisième section de l'église, tout en pierre
La nef de l'église, habillée de lourdes colonnes en pierre, mesure près de 30 mètres pour une hauteur d'environ 20 mètres.
La partie principale de l'église
Elle comporte trois emplacements distincts : l'Heyklo, où s'installent les fidèles, le Madbho occupé par le choeur et le Kduşkudşin où est célébrée la liturgie.
le kduşkudşin
Après des travaux de restauration, Mor Yuhanon ouvre à nouveau ses portes aux fidèles et aux amis musulmans le 23 juillet 2006. La célébration accueille Mor Filuksinos Saliba Özmen, métropolite de Mardin et Mor Yuliyos Abdullahad Gallo Şabo, métropolite venu de Suède.
Un clocher flambant neuf
Le cimetière envahi par les herbes abrite de superbes cénotaphes syriaques. Leur réalisation est récente - années 60 - mais effectuée selon les modèles du lointain passé.
Des ornementations et inscriptions en turc, en arabe et en syriaque y figurent.
Les étonnantes tombes de l'église Mor Yunanon de Dereiçi
Le jour de ma visite, il y a plus de deux ans, un syriaque vivant en Suède revenait en pèlerinage sur les lieux habités auparavant par ses aïeuls.
Au vu des informations recueillies sur Dereiçi, cette petite commune était assurément par le passé un lieu spirituel important pour les chrétiens d'Orient.