27 Avril 2010
Parmi les 25 jeunes qui ont participé au raid VTT Bischwiller - Istanbul organisé par le Collège-Lycée André Maurois de Bischwiller dans le Bas-Rhin, j'ai souhaité donner la parole à certains d'entre eux.
Vous allez ainsi faire connaissance avec Melek, Nicolas, Gülcan et Züheyl.
De gauche à droite Züheyl, Melek, Gülcan et Nicolas, reçus avec le reste de l'équipe au Palais de France à Istanbul
Melek, au sourire permanent, est en classe de seconde. D'origine turque, née en Alsace, elle m'explique que ses parents ne voulaient tout d'abord pas la laisser participer à ce raid, craignant qu'il ne lui arrive quelque chose sur la route. Habitués à venir en Turquie en voiture, ils connaissent les dangers du parcours.
Le père de Melek a assisté à la réunion organisée au début de la rentrée scolaire. Il lâche un petit "oui" en proposant à sa fille d'aller aux entraînements (plus de 2000 kms pour chacun) et "on verra bien". Il pensait qu'elle allait abandonner en cours de route, compte-tenu des conditions particulièrement rigoureuses de l'hiver alsacien où pluie, neige et grand froid étaient au rendez-vous.
Melek
Melek poursuit : "Je suis super contente d'avoir réussi, j'ai vu mes limites. Je ne croyais pas vraiment que j'allais pouvoir rouler sous la pluie et que j'étais capable de faire pas mal de choses en vélo. Je n'ai plus peur de la pluie, de la boue et quand je vois une flaque, je roule maintenant dedans".
Son meilleur souvenir reste le passage à l'école française à Belgrade. Barbecue et gâteaux au programme ainsi qu'un accueil très chaleureux. Le moins bon souvenir, c'est la chute près de Bratislawa. Un prof suivi par 4 élèves, dont Melek, ont vu d'un peu trop près le sol. Au final, plus de peur que de mal, heureusement.
Lorsque j'ai discuté avec Melek la première fois, elle n'avait pas encore vécu un autre souvenir marquant, celui qui l'attendait le jour de ses 16 ans, le 23 avril, au Palais de France d'Istanbul...
Hervé Magro, Consul Général de France à Istanbul, informé par les sources diplomatiques alentours, souhaite un excellent anniversaire à Melek qui aura eu droit à une chanson de circonstance de la part de toutes les personnes présentes
Nicolas, alsacien de souche, paraît bien sérieux, avide de questions, curieux de tout. Elève de 1ère S, il a passé les épreuves du BAC de français durant le raid (certaines organisées en mairie, d'autres dans des hôtels).
De cette expérience vécue durant les semaines passées, il retient le souvenir des paysages des 10 pays traversés, l'ouverture à d'autres cultures. "C'est vraiment important de voir autre chose dans la vie, de rencontrer d'autres personnes, c'est quelque chose de génial avec le côté sportif en plus" dit-il.
Nicolas
Tout comme Melek, il utilise habituellement le vélo pour se rendre au Lycée André Maurois de Bischwiller. Avec ses compagnons de route, il envisage déjà d'organiser d'autres sorties en VTT le week-end.
Les meilleurs souvenirs de Nicolas sont les rencontres avec le Consul Général de France à Istanbul, avec l'Ambassadeur de France à Budapest. et avec les lycéens des différents lycées français à l'étranger.. Le moins bon, c'est sa blessure au genou - apparemment les tendons - pas encore guérie à ce jour. En raison de ce problème, il n'a pu pédaler que par demi-journées durant la dernière semaine. Souhaitons lui un prompt rétablissement afin qu'il puisse bientôt pouvoir profiter pleinement du moyen de transport utilisé près d'un mois de façon intensive.
Züheyl, dont la famille est originaire de la région de Giresun en Mer Noire, est né et a grandi à Bischwiller. Aujourd'hui, en classe de 1ère S, il s'est retrouvé désigné traducteur lors de la réception organisée par la mairie de Beyoğlu et reconnaît la difficulté du métier.
Züheyl, apprenti traducteur
Bien que connaissant les membres du raid depuis les classes de primaire, il a apprécié le partage et le respect mutuel des uns et des autres durant cette épreuve commune.
Les grands yeux noirs de Gülcan, élève de seconde, dont les parents sont originaires d'Aydın, s'illuminent lorsqu'elle évoque ses meilleurs souvenirs du raid : "Il y en a trop ! La relation entre les profs et les élèves, les petits délires, les blagues, du genre le matin, on cache le vélo d'un adulte ou on pique sa roue qu'il cherche durant 10 mn avant qu'on ne la lui rende, les parties de rigolade à table."
Par ailleurs, la traversée de la Roumanie, les personnes en galère, la pauvreté apparente, auront visiblement marqué la jeune fille.
Gülcan
Gülcan, au franc-parler dénotant un caractère visiblement bien trempé, explique aussi : "Les français ne connaissaient pas bien nos origines, notre culture, tout ce qui est relation avec la Turquie. Cette expérience leur a ouvert les yeux, leur a permis de voir où et comment nos parents ont vécu".
Nicolas confirme : "Maintenant, qu'on est en Turquie, on voit vraiment les gens ici, c'est différent quand on est dans le pays en fait. On voit comment les gens vivent et on s'aperçoit que par rapport à une grande ville comme Strasbourg, il n'y a pas beaucoup de diffférences apparentes et les gens sont comme nous."
Melek se souvient que beaucoup de ses amis français pensaient qu'il n'y avait que des femmes voilées partout et croyaient que tout était interdit dans le pays ; ils ont découvert une image européenne.
J'aurais aimé pouvoir m'entretenir plus longuement avec ces quatre jeunes ainsi que leurs compagnons de route. De ces quelques échanges, j'ai ressenti beaucoup d'humanisme et de respect, deux valeurs indispensables à mes yeux pour construire le futur.
Bravo les jeunes pour cette belle leçon et bon vent à vous tous ainsi qu'aux autres participants !