15 Décembre 2009
Dès le premier contact téléphonique avec Reyhan Ropars, d'origine turque et habitant dans la couronne d'Angers, j'ai senti qu'à l'autre bout du fil, se trouvait une personne d'exception.
Née il y a 36 ans de cela, dans un village de la Mer Noire proche d'Of, dans le nord-est de la Turquie, Reyhan arrive à Trélazé à l'âge de 3 ans avec sa mère, ses 4 frères et sa soeur rejoindre, dans le cadre du regroupement familial, son père arrivé en France trois ans auparavant. A l'époque, deux ou trois familles turques vivaient dans cette petite ville de la banlieue d'Angers qui compte aujourd'hui plus de 12 000 habitants.
Reyhan Ropars
De sa scolarité en France, elle se souvient qu'une personne s'occupait d'elle et d'autres enfants en dehors des cours pour parfaire leur connaissance de la langue de Molière et les aider à faire les devoirs, les parents n'ayant pas un niveau suffisant de français pour cela.
Avec son BEP de comptabilité en poche, Reyhan effectue plusieurs formations avant de passer 5 ans comme emballeuse dans une usine de fabrication d'ordinateurs d'Angers. C'est là qu'elle fait la connaissance de Cédric qui deviendra son mari et le père de leurs deux garçons, Semih, âgé aujourd'hui de 11 ans, et Aydın, 7 ans.
Reyhan et son fils cadet, Aydın
Autant les proches vivant en Turquie ne s'étonnent pas que l'élu de son coeur soit français, autant cela n'a pas été une mince affaire de le faire accepter au sein de sa propre famille à Trélazé. Enceinte de cinq mois, elle fuit durant deux mois les siens à qui elle a réussi à cacher sa grossesse jusque là et vit en concubinage.
L'intervention de l'imam de Trélazé auprès des parents va permettre à Reyhan de les revoir et Cédric va finir par être accepté. Il se convertit à l'islam, un mariage religieux est célébré. Petit à petit, le temps fait son oeuvre et les frères de Reyhan adressent à nouveau la parole au petit canard noir de la famille. Aujourd'hui, les plaies sont cicatrisées et le mari a trouvé sa place au sein de tout ce petit monde.
Le sourire quitte rarement le visage de Reyhan
La communauté turque de Trélazé a bien grandi depuis 1976 et il existe une demande émanant des femmes de celle-ci pour, entres autres, se retrouver et partager leur culture. Au printemps 2006, l'association "Cultures Elles" voit le jour, créée notamment par Reyhan, qui assure les fonctions de trésorière au début, et sa soeur, qui en sera la Présidente durant deux ans. Depuis 2008, Reyhan préside "Cultures Elles" que je vous présenterai d'ici quelques jours.
Secrétaire à mi-temps dans une entreprise de maçonnerie turque de la place, elle partage son temps entre sa famille, son travail, l'association et... d'autres occupations. En effet, Reyhan fait partie des 12 médiateurs en santé publique de la ville de Trélazé ainsi que du Conseil consultatif des citoyens trélazéens étrangers, structure fondée par la municipalité en 2003, première du genre dans le département de Maine-et-Loire, et qui compte aujourd'hui 20 nationalités représentées pour 5 à ses débuts.
Préparation d'un thé produit dans sa région natale
Reyhan a rejoint avec dix autres femmes méritantes des Pays de Loire, la galerie de "Femmes en résistance" du monde entier saluées et présentées à Nantes de février à mai 2009 par Pierre-Yves Ginet, photojournaliste, qui a également réalisé sa biographie.
Le 23 février 2009, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition précitée, le Président du Conseil Régional des Pays de la Loire a remis à Reyhan la médaille de Citoyenne d'Honneur pour la récompenser de ses actions en faveur des femmes et de sa lutte contre les différences.
Une reconnaissance dont Reyhan peut être fière
Cette jeune femme énergique oeuvrant pour améliorer le quotidien de ses compatriotes, se considère comme une turque moderne, évoluée et active, libre de ses actes et de ses mouvements. Les encouragements, qu'elle aurait apprécié recevoir des siens, auront finalement été donnés par les pouvoirs publics du pays où elle a passé la majorité de sa vie...
Tanıştığımız için çok memnun oldum !