19 Décembre 2009
Dans le numéro 4 du magazine "Bonjour Istanbul" qui vient de paraître, j'ai rencontré pour vous Sébastien de Courtois. Rien ne laissait présager que les pas de ce jeune homme le mèneraient en Turquie sur ceux tracés par les chrétiens d'Orient, et pourtant...
Et pourtant, dans sa prime jeunesse, Sébastien rêvait déjà de Constantinople où son arrière grand-père travaillait pour la Banque Ottomane.
Après des études de Droit et un Doctorat d’Histoire à l’Ecole des Hautes-Etudes à la Sorbonne, il travaille en mai 1997 dans un service juridique parisien. Un ami, désireux de découvrir la région du lac de Van et les églises arméniennes qui s’y trouvent, en particulier celle d’Akdamar, lui propose de l’accompagner.
Sébastien se souvient parfaitement de cette première escapade en Turquie, dans une zone où les barrages et les contrôles d’identité sur les routes étaient fréquents et le couvre-feu de mise.
Sébastien de Courtois
De Bitlis, le destin va l’amener à Mardin au lieu de DiyarbakIr, après être monté dans le mauvais mini-bus. En sortant de la gare routière, la route de Sébastien - qui ignorait la présence de chrétiens dans cette partie du pays – croise celle d’un prêtre chaldéen francophone qui a fait ses études au séminaire Saint-Jean de Mossoul en Irak.
Cet homme de foi qui parle l’araméen – la langue du Christ - éveille son intérêt. Il le surprend aussi, notamment quand il l’invite à poursuivre son chemin à Tur Abdin, cette région englobant une partie de la province de Mardin et de celle de Sirnak et dont le nom signifie en syriaque « la montagne des serviteurs de Dieu ».
Sébastien va finalement se rendre à Mydiat et passera quelques jours au monastère syriaque Mor Gabriel. C’est l’occasion pour lui de visiter de très anciennes églises et des villages chrétiens dont de nombreux habitants ont pour langue maternelle le syriaque.
Ce voyage initiatique avec les chrétiens d’Orient opère un déclic dans la vie du jeune homme qui décide de consacrer sa recherche historique et sa plume à cette communauté. Les publications sur le sujet sont rares, si rares que Sébastien décide de réaliser un livre de photos qui permet de mêler la beauté des paysages avec celles des monuments et des hommes.
En 2000 et 2001, Sébastien retourne à Tur Abdin à quatre reprises avec Douchan Novakovic, photographe serbe, et son premier livre "Les derniers Araméens – le peuple oublié de Jésus" paraît finalement en 2004.
L’auteur, qui exerce une fonction d’attaché parlementaire au Sénat depuis 2003, entame, après cette première publication, une carrière journalistique. Il propose des reportages au Figaro Magazine, fasciné par l’écriture, le journalisme et le voyage qu’il souhaite associer par la même occasion. Il a d’ailleurs rédigé son premier article pour le quotidien du Figaro à l’âge de 19 ans…
Il finit par quitter le Sénat en 2005 et continue sa thèse d’histoire sur les syriaques de Turquie en vivant des articles vendus au Figaro Magazine, à Géo, Grands Reportages et à d’autres titres de la presse magazine liés au voyage. Il confirme ainsi sa spécificité d’historien sur les chrétiens d’Orient.
"Chrétiens d’Orient sur la route de la Soie, dans les pas des nestoriens", son second ouvrage publié fin 2007, allie le récit de voyage qui aura mené son auteur durant quatre mois d’Istanbul à Pékin en train, en bus … et à cheval, et l’histoire.
En 2008, Sébastien s’installe à Istanbul, ville à laquelle il se sent appartenir. Sans le savoir jusqu’à une époque récente, son premier logement se trouve dans l’immeuble mitoyen à celui occupé il y a bien longtemps par son arrière grand-père… Le passé a rattrapé le présent !
Début 2009, "Périple en Turquie Chrétienne" apparaît dans les rayonnages des libraires. Cet ouvrage est le fruit de deux mois de périple dans les rues d’Istanbul mais aussi à Antioche, ville du sud-est de la Turquie dans laquelle, selon les actes des Apôtres, le terme de chrétien a été utilisé pour la première fois, à Tarsus, Konya, Ephèse, Izmir, Bursa, Iznik, Ankara, Trabzon, Van et Tur Abdin.
Il met en avant l’héritage historique chrétien de la Turquie en faisant également le point sur la situation des minorités chrétiennes dans le pays.
Au mois d'octobre vient de paraître "Le nouveau défi des chrétiens d'Orient : d'Istanbul à Bagdad". Ce dernier livre donne la parole aux réfugiés chrétiens d'Irak, tenus de s'exiler en Turquie ou en Syrie pour fuir la persécution qui sévit dans leur patrie.
A travers les différentes œuvres qui ont vu le jour grâce à la plume de Sébastien de Courtois, un pan d’histoire souvent méconnu est ainsi accessible au grand public. Leur lecture permet de mieux connaître à la fois le passé important des chrétiens d’Orient et leur place dans l’histoire de la Turquie.