Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 19 ans.

Du bretzel au simit

Zenne, un film inspiré par le meurtre d'un homosexuel turc à Istanbul

Ce film dramatique, dont le titre correspond au nom donné aux danseurs de ventre masculins ainsi qu'aux hommes jouant un rôle féminin dans les pièces de théâtre traditionnelles turques ou lors de mariages, est sorti dans 45 salles de cinéma turques le 13 janvier 2012.   

 

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" Zenne" a récolté pas moins de 5 prix au 48ème Festival International de l'Orange d'Or à Antalya le 14 octobre dernier avec les titres de  "Meilleur film national" par la Siyad, association des critiques de films, "Meilleur premier film", "Meilleur second rôle masculin", "Meilleur second rôle féminin" et "Meilleur réalisateur d'images".

 

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               A l'affiche notamment au cinéma Beyoğlu sur İstiklal Caddesi à Istanbul                   

            
L'histoire met en scène Daniel (Giovanni Arvaneh), photographe allemand spécialisé autrefois dans les photos-reportages de guerre, venu travailler à Istanbul depuis 1 an et ignorant les jugements et valeurs morales en Turquie, Can (Kerem Can), danseur oriental gay et excentrique, accepté en tant que tel par sa famille et Ahmet (Erkan Avci), né dans une famille conservatrice et qui, tout jeune déjà, savait qu'il n'était pas comme les autres...

 

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       De gauche à droite Can, Daniel et Ahmet - photo mise à disposition par Zennethemovie

                                          

Kerem Can qui interprète le rôle du zenne, est un acteur turc né et vivant en Allemagne, marié et père de famille. Il s'est investi de manière impressionnante pour le rôle qui lui a été confié. 9 heures de danse quotidienne, travaillant notamment avec un zenne de Berlin. 

 

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       Kerem Can dans le rôle de Can, le zenne - photo mise à disposition par Zennethemovie


"Zenne" met en exergue la destinée de ces trois personnages hors du commun liés par l'amitié, l'amour, la quête de liberté et dépeint également le traitement dégradant infligé aux gays dans les centres de recrutement pour le service militaire.

 
Le scénario est inspiré par l'histoire réelle et la fin tragique d'Ahmet Yıldız, 26 ans, tué par balles dans sa voiture à Istanbul le 15 juillet 2008, meurtre commandité par son père qui refusait d'accepter l'homosexualité de son fils.

 

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Ahmet interprété par Erkan Avcı qui lui a valu le prix du Meilleur second rôle masculin au Festival d'Antalya - photo mise à disposition par Zennethemovie

 

Ce jeune homme refusant de cacher sa différence, représentait une honte pour sa famille dont aucun représentant n'a assisté aux funérailles ; l'auteur du meurtre n'a jamais été identifié à ce jour...                     

 
Les réalisateurs Caner Alper - qui était d'ailleurs un ami d'Ahmet Yıldız - et Mehmet Binay, en couple aussi dans la vie depuis 14 ans, souhaitent à travers leur long-métrage, lancer un débat sur l'homophobie et les droits LGBT en Turquie.

 

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                          Cem - photo mise à disposition par Zennethemovie

                         
Cette oeuvre sur l'identité sexuelle, sensible tant par le sujet que par la façon dont il est abordé, ne laisse pas indifférent et mérite d'être vu même si certaines séquences ne sont pas facilement compréhensibles, notamment celles de Daniel en Afghanistan...

 

Le sous-titre "Dürüstlük bazen öldürür", autrement dit "L'honnêteté tue parfois" en dit bien long... sur ce film qui a le mérite d'exister.

 



Le site officiel du film : http://zennethemovie.com/

 

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O
Ce film reflète l'image tragique de l'homme et de sa propre nature. Aujourd'hui, je trouve que La Turquie souffre non pas d'un culte sévèrement critique mais d'une conscience de ce que revèle l'homme du 21 ème siècle. La sexualité n'a jamais été un tabou en Islam mais ce sont les cultures qui en ont fait ainsi. Et petite confusion des genres entre l'effiminé et l'homosexuel que beaucoup confondent. Du coup, cela peut vite amener de la frustation. Peu d'imams expliquent l'homosexualité, ce sentiment de honte perdure dans notre communauté. Demain, j'ai peur qu'on m'annonce le suicide ou le meurtre d'un ami ou membre de famille... J'attend juste que Ferzan Öztepek face un film qui traite l'handicap de l'homme dans sa vie, son culte, son amour, et sa famille, un peu comme mine vaganti mais à la turque. De montrer l'horreur de l'homme. Un portrait non caricatural de l'homme. İnşa'Allah il aura beaucoup de choses a faire.
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C
c'est l'autre blog de mamiecatou<br /> <br /> voilà un film dont je parlerai et que j'essayerai d'obtenir en france ..à diffuser
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N
<br /> <br /> Je sais qu'il existe en version anglaise.<br /> <br /> <br /> <br />
F
Nat, la Grece est en deuil.... Notre grand cineaste THEO ANGELOPOULOS est decede hier, a minuit a un accident , dans la rue..... Il etait en tournage de son film , dont je t'avais parle, car il<br /> viendrait tourner des scenes a Istanbul.......<br /> Qu'il se repose en paix!
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A
Zenne :voilà un film que j'aimerai voir car il traite d'un sujet très "sensible";bien sûr en tant que parent on peut comprendre qu'avoir un enfant homo ne correspond pas au schéma de vie qu'on<br /> avait imaginé à sa naissance mais est ce une raison pour le renier(j'en connais);l'essentiel n'est ce pas de voir le bonheur de ses enfants homo hétéro couples mixtes...
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R
Que ce film existe ne doit évidemment pas étonner.<br /> <br /> En revanche, qu'il ait été aussi grandement récompensé dans un festival cinématographique sur le sol turc prouve que les mentalités changent ... à un certain niveau intellectuel, seulement.<br /> Car l'assassinat de son fils homosexuel commandité par un père, acte inadmissible et même incompréhensible pour un esprit humaniste contemporain, reste incontestablement un geste barbare d'un autre<br /> âge, d'une mentalité religieuse honteusement arriérée ...<br /> <br /> Dans le même ordre d'idée philosophique - l'acceptation de l'autre -, j'ai "perdu" jadis une de mes Etudiantes turque, assassinée par son frère parce que son petit ami - 17 ans tous les deux ! -<br /> était simplement Belge.<br /> Je ne te décris pas le traumatisme des autres de la classe, du corps enseignant et de la population de la ville tout entière ...
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N
<br /> <br /> Il ne s'agit pas, à mon sens, d'une mentalité religieuse mais de culture... Je veux bien croire qu'il y a eu un traumatisme terrible en son temps lors de cet épisode tragique.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Ce film me semble très intéressant ; j'espère qu'il intéressera également la population turque, que je pourrai le voir soit à Istanbul, soit en France.
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N
<br /> <br /> Il est présenté dans 49 salles en Turquie et je ne doute pas qu'il puisse aussi être présenté à l'étranger dans les mois à venir...<br /> <br /> <br /> <br />