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Du bretzel au simit

Teos, une des douze villes antiques ioniennes

Article publié dans la lettre aux abonnés de janvier 2024 de la revue Le Monde de la Bible

A 2 km à peine de la charmante petite ville égéenne de Sığacık située au bord de la mer Egée, se trouve le magnifique site de Teos, une des douze villes antiques ioniennes et dont l’origine remonterait aux alentours de 1000 ans av. J.-C. Selon l’historien Strabon et le voyageur Pausanias, elle pourrait avoir été créée par Athamas, roi de Béotie, d’où le nom d’Athamantis qui lui fut donné par le poète lyrique Anacreon.

Théâtre antique de Teos

Dionysos fut le dieu principalement honoré sur place et la charge revint à l’architecte grec Hermogène de construire sur place le temple le plus vaste érigé à la gloire du fils de Zeus. Il aurait été construit durant le second quart du IIème siècle. Le plan ressemble au célèbre temple d'Artémis érigé par Hermogène à Magnésie, dans le sens où les colonnes du pronaos et de l'opisthodome suivent l'axe et l'alignement de celles de la peristasis. En raison des travaux qui sont effectués actuellement, il n’est pas possible d’approcher de très près les vestiges du temple mais la vue du chemin de promenade permet de se faire une idée de sa taille imposante.

Vestiges du temple de Dyonisos, Teos

En poursuivant la balade au milieu des magnifiques oliviers centenaires de Teos, un peu plus à l’est se trouve le splendide bouleutérion, construction la mieux conservée du site, et qui accueillait à l’époque le conseil des habitants chargé de gérer les affaires administratives de la cité. Il existe peu d’informations sur l’agora située à l’est et au sud-est.

Le bouleuterion de Teos

Grâce aux fouilles d’il y a une dizaine d’années, de nombreuses pièces issues du théâtre antique sont maintenant exposées autour de ce dernier. Le petit chemin qui le contourne permet d’accéder à la colline abritant l’acropole et les vestiges d’un temple archaïque d’où se dégage une jolie vue sur Sığacık.

Au sud du temple de Dionysos, se trouve une intéressante citerne de plus de 45 m de long datant de l’époque romaine et en très bon état de conservation. Des restes des murs de la ville datant de la période hellénistique sont aussi visibles sur plus de 4 km.

Citerne romaine de Teos

Deux ports trouvaient place à Teos, l’un au nord, l’autre situé au sud. Ce dernier présente des vestiges situés à l’extérieur de l’enceinte du site, mais facilement accessibles en suivant les panneaux indicatifs situés après la citerne. Dans le prolongement de l’embarcadère, on voit ainsi les restes d’une ancienne petite église de plan rectangulaire mis au jour en 2011 et qui remonterait entre le Xème et le XIIème siècle, selon les pièces et céramiques découvertes sur place.

Les vestiges de l'église de Teos

L'église située à l'extrémité est du port et jouxtant le mur de la jetée brise-lames comporte deux nefs et deux absides. À l'est de ces dernières, il y a des traces de deux absides plus grandes qui indiquent l'existence d'une église antérieure et plus grande.

Teos, dont la place était de taille au niveau commercial et maritime dans l’Antiquité, a aussi accueilli ou vu naître d'importants personnages des temps anciens, tels que les poètes Anacréon, les philosophes Epicure et Nausiphane, ou encore l'historien et géographe Hekataios.

À Teos, ce sont d’abord les anglais qui y menèrent les premières fouilles en 1764, 1765 et 1862, puis ce fut au tour des français en 1924 et 1925. À partir des années 60, les turcs prirent la relève de façon régulière et depuis plus d’une dizaine d’années, elles sont effectuées par l’université d’Ankara. Le Prof. Dr Musa Kadıoğlu, directeur des fouilles de Teos, rappelle que le projet archéologique de ces lieux entamé en 2010 et dont il a la charge, a transformé le site en un musée à ciel ouvert présentant à la fois les vestiges antiques, mais également un musée local qui permet aussi de découvrir la faune et la flore de la région, les oliviers de plus de 1000 ans étant particulièrement remarquables.

Site de Teos

Le Pr. Kadıoğlu ajoute : “ Nous sommes désormais en mesure de mieux comprendre la culture grecque et romaine antique de la ville grâce aux fouilles et à l'étude de son architecture, de ses sculptures et de ses inscriptions ainsi qu'à travers les restaurations de ses bâtiments. Les deux ports naturels et la plaine fertile le long de la côte ont probablement contribué à la prospérité de Teos depuis sa fondation à l'époque protogéométrique. Teos a conservé son importance depuis la période archaïque jusqu'à la fin de la période impériale romaine, comme en témoignent les divers bâtiments de la ville.”

Finalement, la visite de Teos enchantera autant les férus de sites antiques que les amateurs d’une nature généreuse et reposante à souhait et nous continuerons de suivre avec attention les fouilles et travaux qui s’y déroulent.

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