Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.
29 Octobre 2008
Mustafa Kemal, né à Salonique en 1881, devient d'abord un héros de guerre en 1916 après sa conduite héroïque aux Dardanelles durant la Première Guerre Mondiale. Cela lui vaut le titre de Pacha.
Après avoir vaincu les Grecs en Anatolie en septembre 1921, il devient "Ghazi" (le Victorieux). La guerre d'Indépendance de 1921 et 1922 sera l'évènement déclencheur de la fondation de la République turque.
Mustafa Kemal - Musée du mausolée Atatürk à Ankara
Abdülmecid II est le dernier sultan et dernier calife de l'empire ottoman, il abdiquera en 1924 après l'abolition du califat en mars 1924.
Après la signature du Traité de Lausanne le 24 juillet 1923, l'Anatolie, à savoir la partie de la Turquie située sur le continent asiatique (soit 96 % du territoire national), devient musulmane à 99 %, suite au départ des Grecs et des Arméniens qui y habitaient depuis des siècles.
La République turque laïque est proclamée le 29 octobre 1923 et Mustafa Kemal Atatürk devient son premier Président.
Statue située à Arnavutköy - "Liberté et indépendance, c'est mon caractère"
Cet homme, alors âgé de 42 ans, prend toutes les mesures pour transformer, en une vingtaine d'années, son pays en une république moderne Ce n'est pas pour rien que le peuple turc le considère comme le "Père des turcs" (Atatürk).
Façade d'immeuble où l'on trouve côte à côte le drapeau turc et l'effigie d'Atatürk
Autodidacte, connaissant le français, appréciant la littérature française, Mustafa Kemal (son nom véritable) s'inspire beaucoup de la France.
Ankara devient la nouvelle capitale de la Turquie au détriment d'Istanbul. C'est là que sera construit le mausolée accueillant la dépouille d'Atatürk à laquelle rendent hommage des milliers de visiteurs tous les ans .
Le mausolée Atatürk à Ankara
La Constitution qui voit le jour en mai 1924 est particulièrement libérale.
Les réformes d'Atatürk portent aussi sur la culture ; il s'emploie à rapprocher la Turquie de l'Europe. Il fait interdire en 1925 le port du fez et du turban qui seront remplacés par le couvre-chef. Il met en place le calendrier occidental.
Le cénotaphe de marbre en-dessous duquel se trouve le caveau qui abrite la dépouille de Mustafa Kemal Atatürk - mausolée d'Ankara
Atatürk veut absolument éduquer son peuple. La population de 1923 qui représente 13,5 millions d'habitants, est analphabète à 89,3 %... 1926 est l'année où l'école devient mixte.
En 1928, l'écriture arabe est remplacée par les lettres latines et les chiffres européens seront imposés. Cette réforme est l'oeuvre personnelle de Mustafa Kemal. C'est lui qui choisit les lettres de l'alphabet, qui prend par exemple son bâton de pèlerin pour enseigner à Sivas aux officiers, aux fonctionnaires, aux écoliers, à la population. L'éducation est un des axes principaux des kémalistes. On transmet dans les écoles les valeurs républicaines, l'esprit positiviste, le patriotisme et le sentiment de l'identité nationale.
Près de l'embarcadère de Kadıköy à Istanbul, Atatürk l'enseignant
1934 voit l'instauration des noms de famille. Auparavant, le nom comprenait le prénom (Mustafa) suivi d'un nom patronymique (fils de ...) et parfois d'un surnom correspondant aux origines géographiques ou au métier de l'intéressé, ceci pour éviter les confusions.
Les femmes turques obtiennent le droit de vote et d'éligibilité dès 1934, dix ans avant les femmes françaises. Le Parlement turc accueille ainsi 18 femmes dès 1935.
Un Code Civil est adopté en 1936, entièrement inspiré du Code suisse. Les livrets de famille sont rédigés en turc et en français.
La polygamie est supprimée, l'égalité des sexes instaurée et les femmes émancipées. Ces réformes font partie des principaux acquis de la République turque.
Aujourd'hui, on fête les 85 ans de cette toute jeune République. De nombreuses manifestations sont prévues dans tout le pays. Les drapeaux sont omniprésents, des bâtiments administratifs aux fenêtres des particuliers.
La place de Taksim a revêtu sa parure de fête
Des dépôts de gerbes, des défilés, des concerts et des feux d'artifice sont au programme, tout cela sous un soleil éclatant... en tout cas à Istanbul.
Source : livre de Thierry Zarcone "La Turquie - de l'Empire ottoman à la République d'Atatürk"