Faire connaître la Turquie et ses habitants avec les yeux d'une alsacienne qui y vit depuis 20 ans.

Du bretzel au simit

Retour au camp de réfugiés d'Adana

Article publié dans LePetitJournald'Istanbul.com - Edition du 4 janvier 2017

Après la première visite au camp de réfugiés non gouvernemental situé à Adana en compagnie de deux femmes chiropracteurs et d'un ami fin mars 2015, c'est le sac à dos chargé de 580 cartes d'achat BIM d'une valeur unitaire de 25 TL (soit env. 6,75 €), acquises grâce à la générosité de nombreux amis, connaissances et autres donateurs, qu'a eu lieu le 26 décembre dernier la seconde visite.

Cartes Bim destinées aux réfugiés

Camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Cemo, responsable du dépôt où sont stockées les aides destinés aux enfants en bas âge (couches, lait en poudre pour bébé, vêtements), a organisé la distribution des cartes alimentaires.

Pour cela, il a fait appel à Fatih, turc habitant au Texas de passage à Adana, sa ville d'origine, Haci, syrien d'une trentaine d'années originaire de Kobane, père de 3 enfants, habitant en Turquie depuis 3 ans, épicier en Syrie et exerçant à présent son métier grâce à l'ouverture d'un magasin possible grâce à des dons et Izzedin, jeune syrien de 26 ans, aussi originaire de Kobane, marié et père de famille, également en Turquie depuis 3 ans après avoir vécu en Irak puis au Liban.

Autour de Cemo (2ème à gauche, Izzedin, Fatih et Haci

Autour de Cemo (2ème à gauche, Izzedin, Fatih et Haci

Plusieurs milliers de réfugiés, la plupart syriens mais aussi quelques rares irakiens, vivent dans des conditions plus que précaires, parfois depuis plusieurs années, dans des centaines de tentes réparties sur différents terrains privés inoccupés, situés dans le quartier du 19 Mai.

Une partie des tentes du camp non gouvernemental de réfugiés à Adana

Une partie des tentes du camp non gouvernemental de réfugiés à Adana

Camp non-gouvernemental de réfugiés d'Adana, Turquie
Camp non-gouvernemental de réfugiés d'Adana, Turquie

Camp non-gouvernemental de réfugiés d'Adana, Turquie

Comme tous les matins durant les jours de travail, des hommes se retrouvent aux abords de la mosquée en quête d'un emploi à la journée contre quelques sous qui seront les bienvenus.

De nombreux réfugiés rencontrés l'an passé sont partis vers d'autres villes de Turquie comme Şemsettin et les siens, qui habitent à présent du côté d'Erzin près d'Osmaniye, à environ 90 kms d'Adana.

Camp non-gouvernemental de réfugiés d'Adana, décembre 2017

Camp non-gouvernemental de réfugiés d'Adana, décembre 2017

Cinq familles parmi les plus chanceuses, dont celle d'une petite fille sourd-muette au sourire inoubliable, ont pu aller vivre au Canada où leurs conditions de vie et de prise en charge sont sans doute bien meilleures. Entre temps, de nouveaux arrivants, notamment venus d'Alep, ont investi les lieux.

Dans le camp de réfugiés syriens à Adana

Dans le camp de réfugiés syriens à Adana

Pantalons retroussés, circuler entre les tentes n'est guère aisé, la boue étant omniprésente en raison de la pluviosité importante des jours précédents.

Au milieu des tentes dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016
Au milieu des tentes dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Au milieu des tentes dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Camp de réfugiés d'Adana, décembre 2016

Camp de réfugiés d'Adana, décembre 2016

Un homme, grand et mince, père de 13 enfants, nous explique ses difficultés avec l'administration pour faire valoir ses droits, tout comme cette femme et ses enfants dont le mari et père est parti, emportant avec lui passeports et documents officiels prouvant leur nationalité...

Couple de réfugiés syriens avec une partie de leurs 13 enfants, Adana

Couple de réfugiés syriens avec une partie de leurs 13 enfants, Adana

Une autre personne nous montre un dépliant de l'Unicef sur lequel un simple post it manuscrit prouve que lui et sa famille ont droit à de l'aide… D'autres, instinctivement, présentent leurs cartes “d'invités” en Turquie, pensant qu'elles sont indispensables pour recevoir une ou deux cartes Bim selon la composition de la maisonnée.

Beaucoup de gamins, voire d'adultes, sont pieds nus sur la terre détrempée, trois garçonnets jouent même cul nu... alors que nous sommes chaudement vêtus...

Distribution de cartes alimentaires Bim dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Distribution de cartes alimentaires Bim dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Distribution de cartes alimentaires Bim dans le camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

L'intérieur des tentes se ressemble partout ; autour du poêle, quelques matelas où dort souvent un bébé emmailloté, une rallonge électrique avec quelques prises, seuls signes de modernité...

Dans les tentes de réfugiés syriens à Adana, Turquie

Dans les tentes de réfugiés syriens à Adana, Turquie

Dans les tentes de réfugiés syriens à Adana, Turquie

Parfois, une chaise en plastique défoncée ou un canapé de récupération trône à l'extérieur à côté de la demeure.

Retour au camp de réfugiés d'Adana

Sandalettes ou chaussures crottées sont posées devant les habitations.

Retour au camp de réfugiés d'AdanaRetour au camp de réfugiés d'Adana

Le linge est lavé dans des bassines, puis rincé tant bien que mal avant d'être accroché aux clôtures lorsqu'il y en a, ou sur des fils tendus à proximité.

Lessive dans le camp de réfugiés d'Adana

Camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016
Camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

Camp de réfugiés d'Adana, 26 décembre 2016

En bordure d'une des routes principales, une tente abrite un vendeur de tomates, pommes de terre et quelques autres légumes. Dans une boîte en polystyrène, des oignons ont été plantés, jardin de fortune.

A côté, casseroles et autres ustensiles de cuisine font partie du décor.

Jardin de fortune dans le camp de réfugiés d'Adana

Vendeur de légumes, camp de réfugiés d'Adana

Vendeur de légumes, camp de réfugiés d'Adana

Cuisine de fortune dans le camp de réfugiés d'Adana

Cuisine de fortune dans le camp de réfugiés d'Adana

Malgré ces conditions de vie qu'on ne souhaite à personne, de nombreuses et beaux visages, surtout d'enfants, gardent le sourire et les yeux pétillent toujours de malice.

Beaux visages d'enfants syriens, camp de réfugiés Adana

Certains adultes aussi semblent ne pas avoir perdu espoir, comme ce jeune et beau couple qui a souhaité être pris en photo, uni pour le meilleur et pour le pire… D'autres regards sont plus marqués, chacun vit cette situation différemment...

 

 

Réfugiés syriens dans le camp d'Adana
Réfugiés syriens dans le camp d'Adana

Réfugiés syriens dans le camp d'Adana

Un peu plus loin, un garçonnet peu volubile, présente des plaques rouges peu réjouissantes à l'une de ses jambes.

Une adolescente souriante, sort d'une tente, pieds nus, tend son moignon de main tordu et essaie tant bien que mal de tenir la carte Bim donnée... Plusieurs petits, ainsi que des personnes d'âge mur, souffrent de handicaps plus ou moins importants et passent leur journée à l'abri des tentes...

 

Une fillette d'une dizaine d'années, glisse sa main rêche dans la mienne et reste avec nous un long moment, suppliant à plusieurs reprises de l'aide. Des femmes, leur progéniture arrimée sur le dos, se jettent littéralement sur les dernières cartes restant à distribuer… prêtes à se battre si nécessaire…

Camp de réfugiés d'Adana

Camp de réfugiés d'Adana

Des gamins emmitouflés dans leur anorak et manteau bien chauds, reviennent gaiement de l'école et passent à côté de tentes avant de regagner leurs maisons. Sont-ils conscients de la misère qu'ils côtoient tous les jours et que pensent-ils, que voient-ils, on peut se le demander.

Retour au camp de réfugiés d'Adana

Une jolie fillette de 2-3 ans, orpheline de père et de mère, la tête couverte d'un petit bonnet de laine vert, apprécie les caresses faites sur sa joue et nous salue de la main en souriant lorsque nous repartons...

Orpheline syrienne, camp de réfugiés d'Adana

Le sac à dos s'est allégé, le coeur, quant à lui, est gros et aussi lourd que les chaussures et la boue collée aux semelles tel un emplâtre.

Camp de réfugiés d'Adana

Camp de réfugiés d'Adana

Une demi-heure après la fin de la distribution, la pluie s'est mise à tomber de façon drue et discontinue durant 24 heures... transformant une nouvelle fois une bonne partie du camp en une mare de désespoir couleur gadoue...

Les conditions météorologiques influent de manière indéniable sur la vie quotidienne et l'état de santé de ces hommes, femmes et enfants.

 

Après 24 h de pluie discontinue dans le camp de réfugiés d'Adana, photos Haci

Quel est leur avenir ? Cette question m'est revenue à maintes reprises à l'esprit dans les heures et jours qui ont suivi et encore aujourd'hui...

Cliquez ici pour lire la version turque de l'article.

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